CD Harmonia Mundi HMG 501308.09. 1989. Distr. Harmonia Mundi.
Enregistré dans la foulée du spectacle monté au Festival d'Aix-en-Provence de 1989 par Adrian Noble (qui réinsérait The Fairy Queen à l'intérieur du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare), mais non pas capté en direct, ce coffret témoigne d'une époque bénie qui savait encore concilier la fougue des représentations avec la minutie du « studio » (en l'occurrence, le Théâtre de la Colonne de Miramas). De fait, deux ans après le triomphe d'Atys, Les Arts Florissants n'ont jamais été aussi bons, surtout en ce qui concerne l'orchestre, aux couleurs chaleureuses, pétaradantes et aux chefs de pupitres éblouissants (Ryo Terakado au violon, David Simpson au violoncelle, Hugo Reyne à la flûte, Christophe Rousset au clavier - excusez du peu !). Non seulement l'ensemble parvient à son apogée mais, en outre, ce répertoire, celui de la fin du XVIIe siècle, est celui qui lui convient le mieux : dès l'année suivante, dans Les Indes galantes de Rameau, il accusera un certain déclin ou manque d'adéquation. L'œuvre enthousiasme manifestement William Christie, qui la tire vers le divertissement versaillais - ce qui n'est pas un contresens -, optant pour un diapason grave (392 Hz) et remplaçant, par conséquent, les contre-ténors par des ténors élevés (notamment dans le duo « Let the fifes and the clarions »). Le climat apparaît certes un peu uniformément festif - à mille lieues de la rêverie lunaire tissée par Gardiner (plus précis, plus incisif d'un point de vue rythmique, mais aussi plus glacé et moins théâtral), finalement assez proche de la bonhomie de Deller, mais sans ses approximations. Si les chanteurs ne possèdent pas tous la personnalité de ceux choisis par les deux versions citées, la Plainte de Lynne Dawson, l'Automne de Thomas Randle, le Sommeil de Jérôme Corréas, le Poète de Bernard Delétré ou l'inénarrable Mopsa de Jean-Paul Fouchécourt réservent d'excellents moments. Notons que cette réédition économique restitue livret et texte de présentation mais ne précise pas la répartition des morceaux entre les différents solistes (et ils sont une quinzaine...).
O.R.