Olga Guryakova (Oxana), Vsevolod Grivnov (Vakoula), Larissa Diadkova (Solokha), Maxim Mikhailov (le Diable), Vladimir Matorin (Tchoub), Alexander Vassilieff (Pan Golova), Vlacheslav Voynarovsky (l'Instituteur), Sergei Leiferkuss (Son Altesse), John Upperton (Panas), Chœur, Corps de Ballet et Orchestre du ROH Covent Garden, dir. Alexander Polianichko, mise en scène : Francesca Zambello (Londres, 2009).
DVD Opus Arte OA1037D. Distr. Distrart Musique.


Novembre 2009, Covent Garden s'offrait un petit festival Tchaïkovski, le Royal Ballet donnant Le Lac des cygnes et la compagnie ces Souliers de la reine que Francesca Zambello retrouvait après en avoir réglé une première production en 1993 pour le Festival de Wexford - dont la directrice était alors Elaine Padmore, qui préside maintenant aux destinées de la scène londonienne. Zambello a imaginé un spectacle très simple, dans des décors de pure caricature qui font sourire - la Grande Catherine statufiée en géante d'or dans le Palais de Son Altesse est kitschissime. Du moins elle n'élucubre pas et n'afflige pas Gogol de l'inévitable psychanalyse qu'il subit trop souvent. On est dans un conte populaire, et on y reste. Ceci dit, Cherevichki mériterait tout de même une lecture moins collée au premier degré - après tout, Tchaïkovski y déploya bien des efforts afin de trouver le ton et l'esprit de son opéra-fantaisie. Peine perdue, Rimski-Korsakov lui volera la vedette quatre ans plus tard en revisitant Gogol plus brillamment encore avec sa fameuse Nuit de mai. Sans se décourager, le compositeur d'Eugène Onéguine remettra l'œuvre sur le métier et en proposera une nouvelle version que le Bolchoï créera le 31 janvier 1887.

On est trop heureux de voir cette rareté que même la scène de sa création n'a pas maintenue à son répertoire. D'autant que le plateau est brillant, Grivnov campe un Vakoula plus désarmant qu'altier, Mikhailov est savoureux pour un Diable abyssal, Leiferkuss plus ironique que majestueux, et la palme revient à la Solokha complètement piquée de Larissa Diadkova, en grande voix. Deux bémols légers : en petite forme, Olga Guryakova peine à faire vibrer les aigus de grâce dont Tchaïkovski a parsemé, comme autant de pièges, la musique d'Oxana ; et la direction prudente d'Alexander Polianichko, dévouée à la scène, oublie trop que l'orchestre est ici un personnage à part entière. Deux minutes de la légendaire version gravée par Melik-Pachaïev suffiront pour vous le rappeler.

J.-C.H.