Michele Kalmandi (Filippo), Dimitra Theodossiou (Beatrice), Josè Maria Lo Monaco (Agnese), Alejandro Roy (Orombello), Michèle Mauro (Anchino), Alfio Marletta (Rizardo).Orchestre et chœur du Théâtre Massimo Bellini de Catane, dir. Antonio Pirolli, mise en scène : Hermann Brockhaus (Catane, déc. 2010).
DVD Dynamic 33675. Distr. NewArts Int.
On s'interrogera sur les intentions du metteur en scène, ex-collaborateur de Strehler. A-t-il voulu ici tuer le père en troquant l'éthique post-brechtienne de son maître contre cette esbroufe mêlant symboles ésotériques, masques et projections psychédéliques, ballets grotesques ? Jusqu'à ce lit Ancien Régime où se vautre l'infortunée Beatrice à l'heure de sa mort ? La pauvre Dimitra Theodossiou, livrée à elle-même et dont le seul jeu scénique consiste le plus souvent à battre des ailes comme un sémaphore, avait déjà bien assez à faire avec un orchestre aux cordes mollassonnes et aux sonorités d'orphéon. Dans un tel contexte, l'artiste hier si prometteuse peine à conduire une voix hésitant à présent entre l'émission sfogata du soprano néo-belcantiste et le slancio de ses héroïnes verdiennes. De plus, sous l'égide de Pasta, Theodossiou regarde ici vers la quadrature périlleuse de Norma, quand l'essentiel du rôle prolonge les Capuleti et Grisi. L'Agnese de Josè Maria Lo Monaco assume, elle, sans complexe ses couleurs de mezzo, lestées d'un vibrato préjudiciable à sa vocalisation. La gent masculine ne saurait sauver cette production dont les images ne font de toute manière qu'aggraver les frustrations vocales et musicales.
J.C.