DG 479 2712. Présentation, synopsis et livret quadrilingues. Distr. Universal.
Bicentenaire de la naissance de Verdi oblige, le Festival de Salzbourg offrait en 2013 une version de concert de Giovanna d'Arco (1845), partition méconnue et pourtant profondément séduisante par son mélange original de belcantisme vocal, de fièvre martiale et d'atmosphères fantastiques. Malgré un livret d'accompagnement soigneusement édité, malgré un plateau de tout premier rang, le coup de cœur n'est pourtant pas complet. Pourquoi ? En premier lieu parce que la star justifiant à elle seule et la programmation et son édition CD, la Netrebko, révèle à l'audio live ce que l'image flatteuse de ses captations vidéo compense en partie : son timbre, intrinsèquement pulpeux et velouté, est artificiellement assombri - voire un rien forcé - pour être plus dramatique ; son chant, magistral de legato, dévore les mots en un continuum liquide qui floute aussi son fiorito ; plus problématique encore, ses défauts d'intonation récurrents sont décidément au rendez-vous, il suffit d'écouter l'entrée de « O fatidica foresta », de bout en bout trop haute, pour s'en rappeler. La soprano russe a certes des atouts de phonogénie vocale indéniables qui l'ont menée haut et loin, elle ne s'en situe pas moins à des lieues des deux devancières de luxe que la discographie de Giovanna d'Arco nous propose : Renata Tebaldi et Montserrat Caballé.
En 1973, cette dernière donnait d'ailleurs la réplique à un Carlo nommé... Domingo, devenu ici le baryton paternel Giacomo. Pour le coup, on est conquis par ce père déchiré, sa flamme intérieure, son timbre vibrant, d'autant qu'il trouve face à lui un ténor de même classe : Francesco Meli séduit par sa rondeur et sa chaleur intérieures et racées. Un vrai duel de mâle élégance. Autre petit regret que le live aurait dû éviter : la direction de Paolo Carignani, raffinée mais un peu sage (superbes chœurs fantastiques toutefois), n'a pas la fougue de celle de Levine, en 1973 encore - et pourtant en studio.
Les qualités de cette Giovanna sont donc à chercher entre les lignes... même si le coffret constitue une très honorable version moderne.
C.C.