Ildebrando d'Arcangelo (Don Giovanni), Vitalij Kowaljow (le Commandeur), Diana Damrau (Anna), Rolando Villazón (Ottavio), Joyce Di Donato (Elvira), Luca Pisaroni (Leporello), Konstantin Wolff (Masetto), Mojca Erdmann (Zerlina). Mahler Chamber Orchestra, dir. Yannick Nézet-Séguin.
CD DG 477 9878. Distr. Universal.
Un beau concert, couvert de louanges. Avec le recul ses vertus demeurent, qu'il convient cependant de relativiser. Celles du chef ont nom vivacité narrative et refus de ce romantisme que tous à présent récusent mais accompagné ici d'aucun parti pris baroquisant. Plutôt d'une superficialité et d'un à peu près dans les équilibres (notamment celui du sextuor), comme de mainte imprécision. Le plateau procède d'un marketing intelligent. A la basse d'Arcangelo il suffit de paraître pour exister, tout entier dans son timbre viril, innocent de tout arrière-plan psychologique ou de simple ambiguïté. Une sérénade peu soutenue, un « Fin ch'han dal vino » comme souvent boulé car trop rapide, mais le Don tient son rang. Double autant que valet, l'excellent Pisaroni offre plus de relief vocal et d'impertinente pertinence. Si Masetto et le Commandeur sont de bonne routine, Villazón pourrait désarmer ses censeurs. Certes, son Ottavio paraît aussi exotique que la plupart de ses autres rôles et son style toujours sui generis, toutefois ses deux airs sont intelligemment négociés. Donna Anna est bien la jeune amante voulue par le musicien, préservée du style hyperbolique de certaines devancières, belcantiste et légère à souhait. On attend vainement en Zerline la prima donna voulue par Mozart. Joyce Di Donato fait d'Elvire une torche vive dont les accents parfois canailles et les outrances laissent partagé.
J.C.