Olesya Golovneva (Iolanta), Stefan Cerny (Roi René), Georgy Vasiliev (Comte Vaudémont), Andrei Bondarenko (Robert), Szymon Komasa (Ibn-Hakia), David Kerber (Alméric), Yasushi Hirano (Bertrand), Stephanie Maitland (Marta), Anita Götz (Brigitta), Annelie Sophie Müller (Laura). Wiener Sattsballet, Orchestre de la Volksoper de Vienne, dir. Omer Meir Wellber. Mise en scène : Lotte de Beer (Vienne, Volksoper, 2022).

C Major. Présentation trilingue (angl., all., fr.). Distr. DistrArt Musique

On se souvient que, à la création, Iolanta était accompagnée de Casse-Noisette. Au Palais Garnier, Dmitri Tcherniakov avait imaginé que l’opéra était le cadeau d’anniversaire offert à Marie, la petite héroïne du ballet. À la Volksoper de Vienne, Lotte de Beer, jamais à court d’idées, identifie Marie et Iolanta, qui devient son double névrosé, écartelée, dans un monde violent, entre une réalité qu’elle nie et ses rêves d’enfant, avant que les deux univers finissent par fusionner. Il en résulte un spectacle intitulé Iolanta et Casse-Noisette, où opéra et ballet s’entremêlent – on entend même simultanément, en l’espace de quelques mesures, l’introduction des deux œuvres ! Voilà donc la couleur annoncée et on aurait mauvaise grâce à reprocher les coupures pratiquées ici et là, le tout tenant en 97 minutes, avec plus ou moins la moitié de Iolanta et un tiers de Casse-Noisette. Sachez donc que vous n’entendrez ni l’air de Robert ni celui de Vaudémont, par exemple. Cela étant posé, la maîtresse des lieux sait diriger les chanteurs – même si le roi, que Ibn-Hakia soumet à une séance d’hypnose, reste assez raide et si certains rôles secondaires sont négligés. Et l’ensemble fonctionne grâce à une bonne articulation entre le ballet et l’opéra. Musicalement, néanmoins, c’est plus inégal. La Iolanta d’Olesya Golovneva déploie le fruit mûr de son spinto au vibrato un peu large, en un chant impeccable et de plus en plus intense, plus séduisante que le Vaudémont solide de Georgy Vasiliev, mais qui parfois doit pousser dangereusement ses aigus. Si Szymon Komasa a de la tenue en médecin, le roi de Stefan Cerny, certes basse authentique, reste trop vert, avec un cantabile un peu sommaire dans son air. On aurait aimé entendre davantage le très beau baryton d’Andrei Bondarenko, réduit à la portion congrue. Omer Meir Wellber a le sens du théâtre, mais tombe dans la sécheresse et la brutalité, surtout quand il dirige le ballet – alors qu’il sait, dans la danse arabe du café, trouver des jolies couleurs et dégager une certaine poésie. Une proposition singulière, à la marge, qui n’a pas vraiment sa place dans la vidéographie de Iolanta… ni dans celle de Casse-Noisette.

D.V.M