Dominik Sutowicz (Idamor), Iwona Sobotka (Neala), Piotr Friebe (Ratef), Rafał Korpik (Akebar), Stanisław Kuflyuk (Jares), Aleksandra Kiedrowska (Prêtresse). Chœur et Orchestre de l’Opéra de Poznan, dir. Jacek Kaspszyk (live, Poznan, Hall de l’Université, 12 avril 2022).
Naxos. 2 CD. Présentation en anglais. Distr. Outhere.
Dans son dernier opéra, Moniuszko délaisse les sujets polonais et met en musique Le Paria de Casimir Delavigne, sur lequel Donizetti avait déjà jeté son dévolu. Neala, fille du Grand Prêtre Akebar, est éprise du général Idamor, qui se révèle être un paria. Ils ne peuvent donc s’unir, Akebar tue Idamor, Neala partagera la vie d’errance du père de son bien-aimé. Mais le compositeur polonais est moins inspiré par l’Inde que par son pays natal : succession de très jolis numéros, l’œuvre manque de ressort dramatique et n’assume pas l’exotisme du sujet. Moniuszko pensait pourtant, grâce à Paria, faire carrière hors de la Pologne, où son opéra, en 1869, ne connut qu’un succès d’estime et disparut vite de l’affiche du Grand Théâtre de Varsovie.
Il n’inspira pas non plus de version majeure. Ni Warcisław Kunc ni Łukasz Borowicz ne se sont imposés. L’excellent Jacek Kaspszyk dirige une distribution trop moyenne pour être mémorable. Iwona Sobotka, hier soprano léger, qu’avait révélé Simon Rattle dans les Chants de la princesse de conte de fée de Szymanowski, aborde aujourd’hui des rôles plus lourds d’une voix beaucoup moins stable, restée modeste à partir du bas médium, avec une ligne un peu fluctuante et des ports de voix. Jontek sincère mais à la vaillance poussive dans la Halka de Gabriel Chmura, Dominik Sutowicz reste tel qu’en lui-même, d’une estimable probité. Les aigus de la fin de leur duo font peine à entendre. On retiendra surtout les clés de fa : noble Jares du baryton Stanisław Kuflyuk, au timbre chaud, Akebar de Rafał Korpik, vraie basse. Le Paria n’a pas trouvé sa référence à travers un cast qui le rehausse. En attendant, réécoutons l’air de Neala par Stefania Woytowicz ou Teresa Zylis-Gara. Et l’ouverture par Grzegorz Fitelberg.
D.V.M