Elena Prokina (Tatiana), Wojciech Drabowicz (Onéguine), Martin Thompson (Lenski), Louise Winter (Olga), Yvonne Minton (Madame Larina), Ludmilla Filatova (Philippevna), Frode Olsen (Grémine), John Fryatt (Monsieur Triquet), Christopher Thornton-Holmes (Zaretsky), Howard Quilla Croft (Un capitaine). Royal Philharmonic Orchestra, dir. Sir Andrew Davis. Mise en scène : Graham Vick (Glyndebourne, juillet 1994).

Opus Arte. Présentation en anglais. Distr. DistrArt Musique.

Un an après sa disparition, regarder ce DVD constitue un bel hommage. Andrew Davis, en effet, dirige magnifiquement l’opéra de Tchaïkovski, avec une pâte sonore richement colorée, à la fois dense et fluide, une fougue toute théâtrale, un lyrisme effusif mais jamais sirupeux – souvenons-nous aussi de sa superbe Thaïs. Graham Vick opte de son côté pour un réalisme stylisé et une direction d’acteurs très juste, certes dépourvue des tensions d’un certain Regietheater, adhérant bien en tout cas aux rêves ou aux tourments des personnages. Bref, un classicisme du meilleur aloi. La distribution se signale par son homogénéité, dominée par le regretté Wojciech Drabowicz, trop tôt disparu, sans doute le plus grand baryton polonais de sa génération, ici dandy hautain, presque sournois, au phrasé princier – son air constitue une leçon de cantabile. Le Lenski de Martin Thompson n’a pas un timbre aussi capiteux et une ligne aussi raffinée, mais elle est élégamment conduite, avec de jolies nuances pour le poète brisé. Elena Prokina a les frémissements passionnés de Tatiana, timbre juvénile et chant policé, d’une intensité douloureuse dans la scène de la lettre ou le duo final. Au troisième acte, la voici mariée au Grémine patricien, à la profondeur rocailleuse, de Frode Olsen. Tout le monde, autour d’eux, tient parfaitement son rang, avec le Triquet fardé de John Fryatt et une madame Larina nommée Yvonne Minton. Un des fleurons de l’histoire de Glyndebourne.


D.V.M