Kiyoko Okada (soprano), Ensembles Musicatreize et Arabesques, dir. Roland Hayrabedian (2013).
CD Musicatreize M13/3C/1/1. Livret français. Distr. Abeille Musique.

Créés au Festival d'Avignon 1978, les Trois Contes de l'honorable fleur constituent un monodrame pour soprano et ensemble instrumental dont le livret d'Odile Marcel adapte des contes traditionnels japonais auparavant revisités par le compositeur lui-même. L'Ogre mangeant des jeunes femmes sous la lune, Le Vent d'Est enfermé dans un sac et La Pluie remontée au ciel sont l'occasion pour Ohana de développer un imaginaire extrême-oriental fondé sur un pseudo-langage japonisant - des onomatopées chantées intégrant ici ou là quelques mots réels, comme « Ohana » signifiant... « honorable fleur » ! -, un jeu de percussions aux couleurs sèches et vivaces, un parlé-chanté jouant d'inflexions coulées (renvoyant, au demeurant, plus aux langues à tons qu'au japonais). Créés par Michiko Hirayama, légendaire interprète de Giacinto Scelsi, ils sont ici interprétés avec finesse et esprit par Kiyoko Okada, sous la direction de Roland Hayrabedian - l'un des meilleurs connaisseurs de la musique de Ohana, et qui fluidifie les Trois contes en un séduisant mouvement continu où les allusions (à peine voilées) au Sacre du printemps passent sans lourdeur démonstrative, comme intégrées à un flux inconscient. Malgré un aspect en grande partie suranné - un instrumentarium et un refus de la dramaturgie typiques du théâtre musical des années 1970 -, et cette mise à distance assumée qui empêche de ressentir personnage ou action, l'ouvrage n'en possède pas moins une tenue interne assurée et un charme auditif parfois réel. A (re-)découvrir.

C.C.