DVD Cmajor 715908. Distr. Harmonia Mundi.
Kitschissime le nouveau Capriccio de l'Opéra de Vienne ! Marelli n'y glisse qu'une idée : Olivier et Flamand habillés années quarante sont chacun à sa table de travail, avec loupiottes ; ils endosseront leur costume XVIIIe siècle pour se mêler parfois au spectacle, parfois retrouveront leur mise XXe siècle, évidemment à la fin où ils éteindront leurs deux loupiottes en mesure avec les deux derniers accords. Marelli n'a pas été jusqu'à leur faire les têtes de Krauss et de Strauss. L'apparition, durant l'octuor, de machinistes eux aussi XXe siècle, laisse planer un doute. S'agirait-il d'une mascarade ? Le méchant décor bleu glacé avec ses miroirs en pâte de plexiglas, qui abuse du plateau tournant du Staatsoper, pourrait le laisser croire. De toute façon, la direction atone et languide d'Eschenbach enterre et l'œuvre et le projet. Tout l'esprit de conversation, l'agilité des mots qui font le sel de Capriccio y trépassent. Les chanteurs ont beau s'agiter, Bo Skovhus en tête qui, ardent et leste, essaye de sauver ce qu'il peut, chacun sombre dans cet abîme sentencieux. Ni Eiche ni Schade ne seront immortels dans des emplois qui ont connu tant de héros plus exaltés, Kirchschlager donne un sacré profil à sa Clairon mais sans l'ardeur de Troyanos, l'élégance de Von Otter, Kurt Rydl n'en peut plus en La Roche. Et Renée Fleming ? En voix pointue, elle minaude, abandonnée par Marelli dans un rôle dont elle connaît pourtant chaque détour. Eschenbach lui conduit la scène finale dans un tempo de tombeau qui met jusqu'à sa justesse en péril - et il faut voir la robe libellule dont on l'a attifée pour le croire. Captation dispensable : pour la Comtesse Madeleine de Fleming, retournez à Carsen, pour Capriccio, trouvez la mémorable soirée de l'Opéra de San Francisco qui affichait en 1993 Te Kanawa, Troyanos, Keenlyside, Kuebler, Braun et Sénéchal (Arthaus).
J.-C.H.