Elena Biscuola (Giuditta), Baltazar Zuniga (Ozia), Angela Bucci (Amital), Abramo Rosalen (Achior), Caterina Patrizia Vaccari (Cabri), Pamela Luciarini (Carmi). Chœur et Orchestre de l'Oficina Musicum, dir. Riccardo Favero (2006).
CD Brilliant Classics 94496. Distr. Abeille Musique.
Troisième et dernier oratorio (achevé) de Mozart, La Betulia fut composé à Padoue au début de l'année 1771, peu avant Ascanio in Alba : Amadeus n'avait pas quinze ans… Jamais exécutée du vivant du compositeur, l'œuvre pâtit du livret statique de Métastase, parabole didactique autour de l'histoire de Judith, dans laquelle Holopherne ne paraît même pas ! Quant à la partition, encore raide, elle manifeste davantage l'influence des fils de Bach (Car Philip dans l'Ouverture, Jean-Chrétien dans les airs) que celle, souvent invoquée, de Hasse, laissant percer, çà et là, de délicieuses prémonitions des chefs-d'œuvre à venir (comme dans la prière d'Ozias « E qual pace », déjà proche de celle d'Idoménée). Sa discographie assez maigre ne sera pas bouleversée par la présente parution. Côté solistes, les voix hautes – ténor instable, peu soutenu, chantant souvent faux (Zuniga), sopranos serrées et acides (Bucci, Vaccari) – apparaissent particulièrement étriquées. La basse tenant le rôle d'Achior se montre plus solide mais fort rugueuse, tandis que l'élégante mezzo Elena Biscuola ne possède pas les graves de Judith. Direction sensible mais trop atone (dans le grand récit accompagné de la seconde partie) de Favero, à la tête d'un très médiocre orchestre et d'un chœur qui ne vaut guère mieux. Oublions et restons fidèles, en attendant mieux, à la lecture de Peter Maag (Denon), moins empesée que celle de Leopold Hager (Philips) – quitte à jeter une oreille curieuse à la gravure historique de Mario Rossi (1952, avec Schwarzkopf et Christoff !).
O.R.