Bryn Terfel (Don Pasquale), Ioan Hotea (Ernesto), Markus Werba (Dottor Malatesta), Olga Peretyatko (Norina), Bryan Secombe (un notaro) ; Chœur et orchestre du Royal Opera House, dir. Evelino Pidò. Mise en scène : Damiano Michieletto (Londres, 24 et 30 octobre 2019).
DVD Opus Arte OA1315D. Synopsis en anglais (136 min.) Distr. DistrArt Musique.
À quelques variantes de détails près dans la mise en scène, cette production de Don Pasquale est celle que les Parisiens ont pu voir au Palais Garnier en mars 2018 et qui y a déjà été reprise deux fois, en 2019 et tout récemment en septembre dernier. Damiano Michieletto y transpose l'action de la Rome des années 1840 dans un univers parfaitement contemporain, faisant du rôle-titre un vieux garçon septuagénaire vivant dans le souvenir de sa mère et de son enfance heureuse. Norina et le Docteur Malatesta sont toujours les deux intrigants de l'histoire, elle avide de promotion sociale et lui la désirant et la servant pour arriver à ses fins. Ils paraissent toutefois un poil moins cyniques peut-être que dans la récente reprise parisienne. Ernesto, à l'image de son oncle, est un adolescent prolongé vivant à ses crochets. Le metteur en scène invente au vieux célibataire, une bonne de sa génération, rebelle et insolente, qui au final prendra le pouvoir lorsque, bon gré mal gré, il sera obligé d'accepter son âge. Mais dans cette version, il ne semble pas condamné à finir ses jours dans un EHPAD comme le suggérait l'image finale dans la récente reprise.
Sur scène, le décor minimaliste de Paolo Fantin monté sur sa tournette passe d'une esthétique banlieusarde d'une insigne laideur à un design glacial parfaitement tape-à-l'œil après l'intervention de Norina et donne une impression de vide qui desservait l'œuvre sur le plateau. Aidée par la caméra qui apporte un supplément d'épaisseur aux personnages et de présence au jeu des acteurs, la mise en scène parait plus fouillée et l'ensemble en sort bonifié. On a tout de même un peu de mal à croire à la « faiblesse » du Don Pasquale de Bryn Terfel, d'un format hors norme et qui, à 53 ans, ne peut dissimuler sa vitalité. Bon acteur tout de même, le baryton-basse gallois fait de son mieux mais on lui souhaiterait un peu plus de rondeur vocale pour ce rôle de basse bouffe. Olga Peretyatko est la plus pulpeuse des Norina, incarnant avec beaucoup de finesse son personnage et ses ambigüités et donnant une belle profondeur au trouble de l'héroïne dans la scène de la gifle. Vocalement impeccable, brillante dans la colorature, élégante de ligne, elle se mue de fausse timide en grande dame également par la conduite du chant. Markus Werba trouve un rôle à la mesure de son baryton bien timbré en Malatesta qu'il incarne sans lourdeur. Ioan Hotea, avec des aigus un peu serrés, malgré une agréable ligne de chant, parait un peu en deçà du reste de la distribution. Excellent le notaire de William Spaulding mais il est bien injuste que la « bonne » de Don Pasquale ne soit pas créditée au générique, vu l'importance de son rôle, au prétexte sans doute qu'il est muet.
La présence d'Evelino Pidò dans la fosse, chef souvent critiqué pour ses tempi, passée une ouverture très contrastée, tantôt trop vive, tantôt trop lente, imprime un rythme parfait au reste de la production et offre une véritable intégrale incluant toutes les reprises et permettant à ses chanteurs des variations et des cadences de bon aloi. Au final, sans être inoubliable, cette version se laisse regarder sans déplaisir et arrive à dépasser l'impression de vacuité qu'elle distillait lors de sa première production parisienne.
La présence d'Evelino Pidò dans la fosse, chef souvent critiqué pour ses tempi, passée une ouverture très contrastée, tantôt trop vive, tantôt trop lente, imprime un rythme parfait au reste de la production et offre une véritable intégrale incluant toutes les reprises et permettant à ses chanteurs des variations et des cadences de bon aloi. Au final, sans être inoubliable, cette version se laisse regarder sans déplaisir et arrive à dépasser l'impression de vacuité qu'elle distillait lors de sa première production parisienne.
A.C