Dorothea Siebert (Hannchen), Rudolf Christ (Adolph), Leo Heppe (le Comte), Barbara With (la Comtesse), Edith Kermer (Louise), Robert Granzer (le Baron von Reinthal), Franz Fuchs (Johann), Felix Pflichter (Martin). Grand orchestre et chœur de la Radio viennoise, dir. Kurt Richter (1953).
Myto 00333 (1 CD). Aucune note ni livret. Distr. Abeille Musique.

C'est avec cette Répétition d'opéra, charmante pochade musicale d'une durée de trois quarts d'heure, que s'acheva en janvier 1851 la carrière de Lortzing. De retour dans sa ville natale de Berlin après avoir séjourné notamment à Leipzig et à Vienne, le compositeur s'éteignit le lendemain de la création, qui eut lieu en son absence à Francfort. Reprise régulièrement dans de nombreuses villes de langue allemande, l'œuvrette se déroule chez un Comte à ce point obsédé par l'opéra qu'il s'exprime uniquement sous forme de récitatifs. Après une première scène hilarante au cours de laquelle la soubrette Hannchen dirige avec une maestria confondante l'orchestre de la maison, on assiste à une double intrigue amoureuse chez les maîtres (Adolph, neveu du comte, et sa cousine Louise) et les valets (Hannchen et Johann, domestique d'Adolph).

L'enregistrement de 1953 que propose Myto vaut d'abord et avant tout pour la qualité de sa distribution, mais ne peut prétendre surclasser la version parue chez EMI en 1975, d'une prise de son beaucoup plus limpide et surtout d'une phalange (l'orchestre de l'Opéra d'État de Bavière dirigé par Otmar Suitner) autrement plus solide que l'Orchestre de la Radio viennoise. Outre son manque de mordant et de légèreté, le chef Kurt Richter doit composer avec des cordes maigrelettes et des musiciens dont la précision des attaques laisse à désirer... Cela dit, il serait fort dommage d'ignorer ce disque puisque les deux rôles principaux trouvent en Dorothea Siebert et Rudolf Christ des interprètes admirables. La première campe une Hannchen tout à fait délicieuse, enjouée, coquine, et fait entendre une voix d'une fraîcheur idéale. Dans le rôle d'Adolph, le ténor Rudolf Christ supporte très bien la comparaison avec Nicolai Gedda (chez EMI) et cisèle avec une infinie délicatesse sa magnifique Romance. Pour ces deux chanteurs qui font oublier bien des imperfections orchestrales et une direction assez peu enlevante, on prêtera attention à cette version d'un ouvrage à (re)découvrir.

L.B.