Lance Ryan (Siegfried), Irene Theorin (Brünnhilde), Anna Samuil (Gutrune), Mikhail Petrenko (Hagen), Gerd Grochowski (Günther), Johannes Martin Kränzle (Alberich), Waltraud Meier (Waltraute), Chœur et Orchestre du Teatro alla Scala, dir Daniel Baremboim, mise en scène : Guy Cassiers (Milan, juin 2013).
DVD Arthaus Musik 101696. Distr. Harmonia Mundi.

On vous prévient : le Siegfried de Lance Ryan est une calamité, ses hurlements en fausset disqualifient ce Götterdämmerung qui pourtant a quelques atouts ; d'abord un trio de clefs de fa mordant assez bien apparié, du Hagen dangereux de Mikhail Petrenko - ses appels aux armes glacent le sang - au Günther hautain de Gerd Grochowski en passant par l'Alberich désabusé et d'autant plus dangereux du toujours très bien chantant Johannes Martin Kränzle. Cela fait un deuxième acte assez exaltant, d'autant que Daniel Barenboim l'emporte d'un geste expressionniste. Ensuite trois incarnations féminines majeures illuminent par instant la régie brouillonne, les images peu télégéniques du spectacle de Cassiers : la deuxième Norne et Waltraute selon Waltraud Meier, personnages incarnés avec une présence scénique et une beauté de ligne de chant qui laissent sans voix et la Brünnhilde de haute volée que délivre ici Irene Theorin, aigus fusants, lignes tendues, médium aux harmoniques intenses - comme un souvenir d'Helga Dernesch nous revenait soudain en mémoire. Pour elle, on pourra tenter d'entendre ce Götterdämmerung dont le visionnage reste dispensable.

J.-C.H.