© Camilla Winther
Le roman de Margaret Atwood The Handmaid’s Tale (La Servant écarlate) n’a pas attendu Netflix pour être adapté, dès 1998 le compositeur danois Poul Ruders s’empare du roman pour le transcrire à la scène. Fidèle au roman, l’opéra déploie les différentes étapes qui relatent les aventures de Offred (De-Fred), la servante écarlate qui doit être fécondée par son « commandeur », Fred, selon la règle d’airain qui organise la République théocratique de Gilead. Le pari est osé, car le roman d’Atwood se déroule à la première personne, et le principal ressort pour capter l’attention réside dans la tension psychologique entre l’oppression organisée par Gilead, et les ressources déployées par Offred pour y survivre. Sous la plume de Ruders, cette intensité devient un tic de composition : chaque scène suit le même schéma où le climax intervient à la fin de la scène. L’écriture vocale est toujours la même, sans caractérisation des personnages ni réelle invention et l’orchestre joue le plus souvent la saturation sonore dans une écriture néo-tonale qui n’est pas exempte de clichés contemporains (clusters, déchaînements percussifs sans véritable logique dramatique, concentrations de suraigus...).
Le roman de Margaret Atwood The Handmaid’s Tale (La Servant écarlate) n’a pas attendu Netflix pour être adapté, dès 1998 le compositeur danois Poul Ruders s’empare du roman pour le transcrire à la scène. Fidèle au roman, l’opéra déploie les différentes étapes qui relatent les aventures de Offred (De-Fred), la servante écarlate qui doit être fécondée par son « commandeur », Fred, selon la règle d’airain qui organise la République théocratique de Gilead. Le pari est osé, car le roman d’Atwood se déroule à la première personne, et le principal ressort pour capter l’attention réside dans la tension psychologique entre l’oppression organisée par Gilead, et les ressources déployées par Offred pour y survivre. Sous la plume de Ruders, cette intensité devient un tic de composition : chaque scène suit le même schéma où le climax intervient à la fin de la scène. L’écriture vocale est toujours la même, sans caractérisation des personnages ni réelle invention et l’orchestre joue le plus souvent la saturation sonore dans une écriture néo-tonale qui n’est pas exempte de clichés contemporains (clusters, déchaînements percussifs sans véritable logique dramatique, concentrations de suraigus...).
Difficile en découvrant une partition aussi peu intéressante de juger de la prestation des nombreux interprètes (et l’absence de surtitrages en anglais ne permet pas toujours l’identification des personnages), tout juste pourra-t-on saluer la prestation d’Hanna Hipp (Offred), constamment en scène et faisant preuve de moyens vocaux importants qui lui permettent de passer la fosse (ce qui n’est pas évident étant donné la masse orchestrale requise) où l’orchestre royal du Danemark se tire honorablement d’une partition qui n’est pas évidente instrumentalement – ni musicalement – sous la direction attentive de Jessica Cottis. La mise en scène de John Fulljames utilise intelligemment le vaste espace scénique du nouvel opéra de Copenhague, sachant ainsi créer des arrières-plans, et d’habiles divisions de la scène qui mettent en perspective la condition d’Offred comme celle d’une parmi d’autres, dépeignant ainsi la puissance de l’État totalitaire dans un décor blanc aseptisé.
Une partition et une soirée dispensables, où l’on regrettera que les forces de l’opéra de Copenhague ne soient pas mieux mises en valeur.
Jules Cavalié
Hanna Hipp (Offred). © Camilla Winther