Svetlana Aksenova (Zazà), Nikolai Schukoff (Milio), Christopher Maltman (Cascart), Dorothea Herbert (Madame Dufresne), Enkelejda Shkoza (Anaide), Juliette Mars (Natalia), Tobias Greenhalgh (Bussy), Paul Schweinester (Courtois), Dumitru Mădăraşăn (Duclou), Johannes Bamberger (Marco/Augusto), Vittoria Antonuzzo (Toto Dufresne), Chœur Arnold Schoenberg, Orchestre Symphonique de la Radio de Vienne, dir. Stefan Soltész, mise en scène, Christof Loy, décors, Raimund Orfeo Voigt, costumes, Herbert Barz-Murauer, lumières, Reinhard Traub, chorégraphie, Thomas Wilhelm, réalisation, Tiziano Mancini. Theater an der Wien, 2020.
Unitel 805308 (1 DVD). Distr. DistrArt Musique.
Le compositeur de la Jeune École italienne, hier modeste accompagnateur de cabaret parisien, renoue avec son passé lorsqu’il conçoit cet opéra dévolu aux infortunes amoureuses d’une chanteuse de ce que l’on nommait alors un beuglant, éprise d’un d’homme d’affaires inconstant qu’elle finira par éconduire. Cet ouvrage, suggéré au musicien par Puccini et créé en 1900 sous la baguette de Toscanini, relève d’un vérisme distancié, panachage d’opérette, de mélodrame et d’intimisme, où se mêlent les emprunts aux viennoiseries de Waldteufel et à Rossini voire au Verdi de Falstaff. Une partition admirée de Fauré, ce qui devrait tempérer les audaces de nos interprètes et du régisseur Christof Loy. La transposition scénique qu’en offre ce maître d’œuvre s’inscrit dans l’éthique du Théâtre de Vienne, bonbonnière d’or et de pourpre, joyau des scènes lyriques viennoises, mais ouvertement moderniste dans ses choix esthétiques. Des choix le plus souvent minimalistes, tel celui de ce décor d’un vide abyssal. D'entrée de jeu, les coulisses de ce music-hall où se produit Zazà offrent toutefois une madeleine de Proust aux amateurs de Pagliacci, chef d’œuvre du musicien, en la personne d’un clown dont la pantomime contrepointe les étirements des danseuses maison. S’ensuivront, au gré d’épisodes alternant sur un plateau tournant, un chassé-croisé de rencontres, langoureuses ou violentes, baignées de lyrisme enveloppant ou soulevées par d’irrépressibles humeurs. Milio, ténor déguisé en homme d’affaires parisien, se laisse prendre au premier acte dans les filets de l’aguicheuse Zazà et lui offre son célèbre « E un riso gentil ». Quand il en vient à s’éloigner de la belle pour d’obscures raisons, voici que l’inévitable baryton, alias Cascart, ancien soupirant d’icelle, lui assure avoir vu son galant en compagnie d’une courtisane à Paris. Zazà se rendra dans la capitale. Son Milio y vit effectivement en couple avec une certaine Madame Dufresne, tout en se languissant de sa chanteuse, mais sa fillette, l’innocente Toto, émeut aux larmes une Zazà nostalgique de sa propre jeunesse. Au dernier acte, cette dernière fait le deuil de sa passion charnelle afin de préserver la vie familiale de celui qu’elle décide de chasser. Les tourments intérieurs et la solitude de la trop humaine protagoniste, sont ici matérialisés par l’écriteau « Silenzio » qui focalise un temps le regard sur l’espace dénudé de ce drame. La tentation de mettre en lumière les tensions entre féminité et morale bourgeoise à travers les redondances du jeu scénique n’est présentement qu’à demi pondérée.
La distribution réunie nous accable, pour parler franc. Protagoniste aux appas généreusement exposés, Svetlana Aksenova ne soutient pas sa ligne vocale, s’en remet à l’expansion de ses aigus improbables et à un expressionnisme stéréotypé. Son ténor, Nikolai Schukoff, navre par la précarité de son émission forcée, quand Christopher Maltman en Cascart, joue les barytons de série B. Parmi les autres, la palme de la vulgarité revient à Anaide en mère de grand guignol. À l’image de la généreuse Zazà, le critique se laisse heureusement attendrir par la mignonne Toto. On aimerait dire du maestro Soltész qu’il sauve l’ensemble du désastre, ce qui n’est vrai qu’à demi.
Unitel 805308 (1 DVD). Distr. DistrArt Musique.
Le compositeur de la Jeune École italienne, hier modeste accompagnateur de cabaret parisien, renoue avec son passé lorsqu’il conçoit cet opéra dévolu aux infortunes amoureuses d’une chanteuse de ce que l’on nommait alors un beuglant, éprise d’un d’homme d’affaires inconstant qu’elle finira par éconduire. Cet ouvrage, suggéré au musicien par Puccini et créé en 1900 sous la baguette de Toscanini, relève d’un vérisme distancié, panachage d’opérette, de mélodrame et d’intimisme, où se mêlent les emprunts aux viennoiseries de Waldteufel et à Rossini voire au Verdi de Falstaff. Une partition admirée de Fauré, ce qui devrait tempérer les audaces de nos interprètes et du régisseur Christof Loy. La transposition scénique qu’en offre ce maître d’œuvre s’inscrit dans l’éthique du Théâtre de Vienne, bonbonnière d’or et de pourpre, joyau des scènes lyriques viennoises, mais ouvertement moderniste dans ses choix esthétiques. Des choix le plus souvent minimalistes, tel celui de ce décor d’un vide abyssal. D'entrée de jeu, les coulisses de ce music-hall où se produit Zazà offrent toutefois une madeleine de Proust aux amateurs de Pagliacci, chef d’œuvre du musicien, en la personne d’un clown dont la pantomime contrepointe les étirements des danseuses maison. S’ensuivront, au gré d’épisodes alternant sur un plateau tournant, un chassé-croisé de rencontres, langoureuses ou violentes, baignées de lyrisme enveloppant ou soulevées par d’irrépressibles humeurs. Milio, ténor déguisé en homme d’affaires parisien, se laisse prendre au premier acte dans les filets de l’aguicheuse Zazà et lui offre son célèbre « E un riso gentil ». Quand il en vient à s’éloigner de la belle pour d’obscures raisons, voici que l’inévitable baryton, alias Cascart, ancien soupirant d’icelle, lui assure avoir vu son galant en compagnie d’une courtisane à Paris. Zazà se rendra dans la capitale. Son Milio y vit effectivement en couple avec une certaine Madame Dufresne, tout en se languissant de sa chanteuse, mais sa fillette, l’innocente Toto, émeut aux larmes une Zazà nostalgique de sa propre jeunesse. Au dernier acte, cette dernière fait le deuil de sa passion charnelle afin de préserver la vie familiale de celui qu’elle décide de chasser. Les tourments intérieurs et la solitude de la trop humaine protagoniste, sont ici matérialisés par l’écriteau « Silenzio » qui focalise un temps le regard sur l’espace dénudé de ce drame. La tentation de mettre en lumière les tensions entre féminité et morale bourgeoise à travers les redondances du jeu scénique n’est présentement qu’à demi pondérée.
La distribution réunie nous accable, pour parler franc. Protagoniste aux appas généreusement exposés, Svetlana Aksenova ne soutient pas sa ligne vocale, s’en remet à l’expansion de ses aigus improbables et à un expressionnisme stéréotypé. Son ténor, Nikolai Schukoff, navre par la précarité de son émission forcée, quand Christopher Maltman en Cascart, joue les barytons de série B. Parmi les autres, la palme de la vulgarité revient à Anaide en mère de grand guignol. À l’image de la généreuse Zazà, le critique se laisse heureusement attendrir par la mignonne Toto. On aimerait dire du maestro Soltész qu’il sauve l’ensemble du désastre, ce qui n’est vrai qu’à demi.
Jean Cabourg