CD Dynamic 7686/1-3. Notice en anglais et italien, pas de livret. Distr. NewArts Int.
Dix-neuvième des vingt-six drames de Métastase, Antigono (1744), lointainement inspiré du Mithridate de Racine (trois hommes, dont deux sont père et fils, aiment la même femme...), s'il n'est guère réussi dramatiquement, contient quelques-uns des plus beaux vers du poète : ce qui explique qu'après Hasse, quarante-quatre compositeurs s'en soient emparé, sans compter ceux qui, comme Haydn avec sa cantate Berenice, en mirent des extraits en musique. Dommage donc que Dynamic n'offre la reproduction (et la traduction en anglais) du livret que via un téléchargement sur le site du label. A en croire la notice du présent coffret, la version du Bolognais Antonio Mazzoni (1717-1785) était en répétitions dans le grand Opera do Tajo de Lisbonne quand eut lieu le terrible tremblement de terre de 1755 - qui non seulement empêcha sa représentation mais détruisit le théâtre. La même notice nous apprend les noms des destinataires des principaux rôles : rien de moins que Caffarelli (Demetrio), Guadagni (Alessandro) et le ténor Babbi (Antigono) ! Ces informations ne rendent guère service aux interprètes actuels de l'ouvrage, ni à sa moderne reconstitution (due à Nicholas McNair) : comment imaginer, par exemple, que Guadagni ait pu se contenter, comme ici, d'un seul air ? Métastase lui en attribuait quatre... et, d'une façon plus générale, proposait deux fois plus d'arias que n'en entendit le Centre culturel de Belem, à Lisbonne, où a été enregistrée notre exécution. Mais il est vrai que nous ne disposons plus de Guadagni, ni de Caffarelli : à la place, il faut nous contenter d'un pâle contre-ténor et d'une mezzo serrée, à laquelle échappent les notes extrêmes du crucifiant « Contro il destin ». Babbi, quant à lui, était, paraît-il, réputé pour sa tessiture élevée et sa virtuosité - du moins en début de carrière (il avait créé, vingt ans plus tôt, Gualtiero, dans la Griselda de Vivaldi). A la place, nous entendons ici un baryténor rossinien au registre grave certes sonore, mais au timbre peu italien (faisant songer à celui de Gösta Winbergh) et dont l'unique cadence aiguë est émise dans un falsetto mal négocié. Les choses s'arrangent avec la Berenice sensuelle bien que trop peu incisive de McGreevy et, surtout, avec la radieuse Ismene de Quintans et le vaillant Clearco de Montenegro. Proche de celle de Terradellas ou de Galuppi, la musique jolie mais guère personnelle de Mazzoni apparaît d'autre part très bien servie par un Onofri sachant la rendre expressive (pulsation, ornements, dynamique) sans la violenter. Pour découvrir ce compositeur mineur, cet opéra capté en direct vaut de toute façon mieux, malgré ses nombreux défauts, que le fort ennuyeux Aminta gravé par Otero chez K617 en 2006.
O.R.