CD Naxos 8.660333-35. Distr. Abeille Musique.
On ne sait plus grand chose d'Anton Urspruch, favori de Liszt, fasciné par Wagner - Le plus impossible de tout en atteste jusqu'à la citation -, auteur de belles mélodies écrites dans une veine assez proche de Brahms, d'une unique symphonie et de deux opéras dont le second est ici révélé. L'œuvre connut un joli succès en Allemagne, autant pour la qualité d'un livret déduit par le compositeur de la pièce homonyme de Lope de Vega que pour l'invention de sa musique : cet opéra-comique est plein de verve, d'invention, et on ne s'explique pas vraiment qu'il soit tombé dans l'oubli même en Allemagne, alors que Leo Blech en avait dirigé à Prague en 1899 une nouvelle production fort remarquée. Sorte de Falstaff à l'envers - « le plus impossible de tout », c'est évidemment la fidélité des femmes -, cette étourdissante comédie n'est justement pas sans rappeler l'ouvrage de Verdi antérieur tout juste de quatre ans, jusqu'à en parodier la fugue finale au terme du troisième acte. Et on confesse avoir été étourdi par l'action fusante, l'écriture brillantissime - les coloratures demandée à Celia sont impressionnantes -, l'esprit de tout cela défendu avec entrain par une jolie troupe où les femmes dominent. Mention spéciale à Caterina Maier, Celia virtuose, et à la Reine de Rebecca Broberg. Orchestre modeste, écho d'une production qui le fut tout autant et qu'on doit à la Société Urspruch. Israël Yinon dirige tout son monde prestement pour décidément une jolie découverte, en attendant la révélation du premier ouvrage lyrique de ce compositeur revenu des oubliettes : rien moins qu'une mise en musique de La Tempête de Shakespeare !
J.-C.H.