Elena Zaremba (Madame Larina), Anna Netrebko (Tatiana), Oksana Volkova (Olga), Larissa Diadkova (Filipievna), Mariusz Kwiecień (Onéguine), Piotr Beczała (Lenski), Alexei Tnovitski (Grémine), David Crawford (Un capitaine), Richard Bernstein (Zaretski), John Graham-Hall (Triquet). Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera, dir. Valery Gergiev, mise en scène : Deborah Warner (New York, 5.X.2013).
DVD DG 073 5114. Distr. Universal.

Gergiev, Netrebko, Kwiecień, Beczała... C'est du sûr et c'est du luxe. Soirée sans surprise, donc. D'autant plus que Deborah Warner - ou plus exactement, comme elle était souffrante, Fiona Shaw - ne demande pas grand-chose aux chanteurs : mise en scène traditionnelle, probe et pro, qui s'en tient aux schémas d'usage sans poser de question. Chacun est à sa place et l'on ne risque pas d'être dérangé dans des habitudes qu'un Tcherniakov, un Herheim, un Treliński ou une Andrea Breth, par exemple, avaient plus ou moins bousculées. L'idéal, sans doute, pour qui découvre Onéguine... Le spectacle, de plus, se regarde agréablement, avec ces grands décors et ces beaux costumes du xixe finissant - l'époque de Tchaïkovski.

Les trois protagonistes ont atteint leur apogée : les voix se déploient dans la splendeur de leur timbre et l'homogénéité de leurs registres. Chacun, impeccable styliste, s'identifie à son personnage : Onéguine cynique de Mariusz Kwiecień, Lenski rêveur de Piotr Beczała, Tatiana déchirée d'Anna Netrebko, qui semble pourtant parfois trop sûre et trop mûre, un peu trop glamour surtout. Une soirée de vedettes, encore une fois, pas mal entourées : Grémine assez falot, madame Larina fatiguée, mais Olga pétulante, Triquet pittoresque, Filipievna très présente. On a pourtant le sentiment que chacun pourrait aller plus loin dans la mise à nu de l'âme. Il faudrait seulement une mise en scène plus créative. Et une direction plus subtile : Valery Gergiev est inégal, pris entre le lyrisme parfois alangui d'une certaine tradition d'interprétation, avec une pâte sonore superbement travaillée, et une tendance à la nervosité, en particulier dans les grands ensembles. C'est la soirée d'inauguration de la saison du Met, qu'on a pu voir ensuite sur les écrans de cinémas.

D.V.M.