Dmitry Korchak (Orphée), Andriana Chuchman (Eurydice), Lauren Snouffer (l’Amour), Choeur et Orchestre lyriques de l’Opéra de Chicago, The Joffrey Ballet, dir. Harry Bicket, mise en scène et chorégraphie : John Neumeier (2018).
C Major 714308 (1 DVD). NTSC 16.9. 2 h. Notice en français. Distr. DistrArt Musique.

 

Que sauver de ce naufrage ? La beauté des danseurs, l’Amour fruité et au français exquis (malgré des « r » excessivement roulés) de Lauren Snouffer, quelques pas de deux et d’ensemble de la chorégraphie assez classique de John Neumeier, durant la scène des Champs-Élysées. Rien d’autre. Le directeur du Ballet de Hambourg signe par ailleurs une « mise en scène » peu inspirée, brodant autour de l’histoire d’amour compliquée, forcément compliquée entre un… chorégraphe contemporain et sa danseuse étoile (décédée dans un accident de voiture, drame dont Orphée prend connaissance sur son téléphone portable). Côté décors, on recycle les pans coupés de Bob Wilson et L’Île des morts d’Arnold Böcklin, qui sert décidément à toutes les sauces, en ce moment ; beaux éclairages expressionnistes, qui virent au verdâtre lorsqu’on descend aux enfers (animés par des furies en tenue sado-maso et treillis). Côté musique, c’est la débandade : orchestre pesant et besogneux, direction étriquée, erratique, Eurydice pâteuse, chœur trop lourd. Mais le pire nous est infligé par Dmitry Korchak : timbre gris, sons uniformément poussés, écarts de justesse (la messa di voce de « L’espoir renaît dans mon âme » !), langue incompréhensible – n’en jetez plus. Et si vous tenez à un Orphée de chorégraphe, contentez-vous de celui de Pina Bausch (avec le Ballet de l’Opéra de Paris, chez BelAir Classiques).


Olivier Rouvière