Donato Di Gioia (Adelson), Christian Collia (Salvini), Luigi Pisapia (Bonifacio), Annapaola Pinna (Nelly), Eleonora Filapponi (Madama Rivers), Mariangela Marini (Fanny), Shangrong Jiang (Struley), Antonino Mistretta (Geronio). Orchestra Accademica del Conservatorio Santa Cecilia et Ensemble vocal Santa Cecilia de Rome, dir. Maurizio Ciampi (live, 2018).
Urania LDV 1 4053 (2 CD). 1h30. Pas de livret ni de synopsis, notice italien-anglais. Distr. DistrArt Musique.
Voici quelque deux ans nous rendions compte ici même de la publication, sous label Bongiovanni, d’une captation vidéo du premier opéra de Bellini dirigé par José Miguel Pérez-Sierra. L’édition critique de cette partition un rien aléatoire était restituée avec un certain bonheur, enrichie des fragments et airs alternatifs conçus pour la reprise de 1828. La présente version se contente du seul corpus original autographe publié sous l’autorité d’Antonino Mistretta et de Maurizio Ciampi, qui en assure la direction. Expurgée des ajouts et variantes ultérieures, in naturalibus avec ses innombrables dialogues parlés, elle a pour vocation d’animer les péripéties amoureuses et le rythme échevelé de cette pièce mélodramatique au gré d’une écriture instrumentale et vocale d’une ingénuité retrouvée. Si l’orchestre de l’Académie romaine et les chœurs maison s’appliquent à épouser cette ambition d’authenticité, les protagonistes nous semblent en effet plus juvéniles et maladroits que bien chantants. Une fois encore, c’est le ténor chargé d’exprimer les tourments du jeune Salvini, pour une Nelly plutôt bien en voix, qui s’avère très incertain, de timbre comme de technique. Dommage, tant cet emploi vocalisant recèle de joliesses. L’Adelson de Di Gioia assure, lui, sans véritable autorité, Bonifacio tirant grâce à la faconde de Luigi Pisapia son épingle du jeu.
Bellini première manière n’a toujours pas trouvé, après trois tentatives successives, une traduction vocale à la hauteur de son génie adolescent. Cette dernière variante vaut surtout pour ses échanges parlés… sous réserve d’entendre la langue transalpine qui les nourrit.
Jean Cabourg