Gal James (Mimì), Aquiles Machado (Rodolfo), Massimo Cavalletti (Marcello), Carmen Romeu (Musetta), Mattia Olivieri (Schaunard), Gianluca Buratto (Colline), Matteo Peirone (Benoît). Orch. de la Comunitat Valenciana, Ch. de la Generalitat Valenciana, dir. Riccardo Chailly, mise en scène : Davide Livermore (Valencia, 12-15.XII.2012). Bonus : The Making of La Bohème in Valencia (20').
DVD Accentus Music ACC 20283. Distr. Harmonia Mundi.

Captée au Palau de les Arts Reina Sofía, cette Bohème se démarque par de vrais points d'accroche et d'intérêt, même si elle ne bouleverse pas la vidéographie de l'ouvrage.

Ce qui frappe en premier lieu, c'est la mise en scène de Davide Livermore : comme pour son Ciro in Babilonia donné à Pesaro en 2012 aussi - et transposant l'opéra dans l'univers du cinéma muet -, un vrai choix scénographique fort est assumé... sans pourtant déployer au long cours une dramaturgie de même niveau. Ici, il s'agit d'épurer le décor et de le soumettre à la vidéo - pour une fois utilisée de façon inventive et pertinente : Paolo Gep Cucco projette les chefs-d'œuvre français de la Barnes Foundation et du Philadelphia Museum of Art, ancrant ainsi les personnages dans le Paris artistique du tournant XIXe-XXe. Mais ce qui séduit au I, notamment lorsque la vidéo s'anime comme sous le pinceau de Marcello, voire au III quand la nudité du plateau confine à l'abstraction, s'absente au IV (on revient à une vision conventionnelle de la mort de Mimì) et, surtout, cède la place, chez Momus, à une lourdeur scénique au trait épais. Dommage.

L'autre belle surprise réside dans la remarquable entente fosse/plateau - une écoute, une synchronisation des intentions, une préparation des moindres inflexions, comme rarement on peut en goûter. La direction aussi affûtée que généreuse de Riccardo Chailly se double d'un travail préparatoire à n'en pas douter exceptionnel, et conduit à un sentiment de cohésion expressive et dramatique quasi sans défaut. Certes, pris isolément, le Rodolfo d'Aquiles Machado paraît parfois engoncé (et trop inquiet des écrans de contrôle) et Colline très tubé. Mais la Mimì de Gal James est attachante - chant épanoui et jeu sans mièvrerie - et le Marcello de Massimo Cavalletti de belle vaillance. On est, au final, touché par les qualités d'ensemble d'une production qui, quoiqu'imparfaite, ose une proposition singulière et soigneusement travaillée.

C.C.