CD Hänssler Classic 093.105.000. Distr. DistrArtMusic.
Rien de plus excitant qu'un Benvenuto Cellini par Sir Roger Norrington... qui, curieusement, choisit la version Weimar pour ce concert berlinois de 2003 - un retour à la source allemande, en quelque sorte ? Le bouillant chef britannique fouille la partition dans le moindre détail, la rafraîchit, l'allège. Manque seulement, parfois, l'urgence du théâtre - mais le Carnaval ébouriffe. L'orchestre sonne clair, restitue les couleurs si inventives de l'orchestre berliozien ; le chœur de la Radio de Leipzig soutient sa réputation. Mais le bât blesse parfois, pour un mélomane francophone. On peine à écouter le Cardinal de Ralf Lukas, court de grave et hors style. L'excellent Christopher Maltman s'empêtre dans l'air de Fieramosca et Franz Hawlata s'égare en Balcucci. Si Bruce Ford a de l'accent, il chante au moins Cellini dans les règles, émission souple et phrasé galbé - on passe sur la nasalisation du timbre. Voici un sculpteur assez introverti, artiste souvent en proie au doute : les passages de vaillance le conduisent un peu à la limite de ses possibilités. Laura Claycomb est délicieuse, Teresa d'un charme juvénile, à la cabalette déliée. Monica Groop, en revanche, s'accommode tant bien que mal de la tessiture d'Ascanio, dont elle ne possède pas tout à fait l'agilité. Cela dit, encore une fois, la version Weimar, même à Berlin...
D.V.M.