Christiane Libor (Alice), Magdalena Hinterdobler (Daisy), Angela Mehling (Olga), Thomas Mohr (John Couder), Ferdinand von Bothmer (Fredy Wehrburg), Ralf Simon (Hans von Schlick), Tobias Haaks (Dick), Marko Cilic (Tom), Orchestre de la radio de Munich, Chœur de la Musikalische Komödie de Leipzig, dir. Ulf Schirmer (live, Prinzregententheater, Munich, 2012).
CPO 777 906-2 (2 CD). Notice en all./angl. Distr. DistrArt Musique.
Avec cette nouvelle Dollarprinzessin, CPO enrichit sa très importante collection d'opérettes d'un titre injustement négligé par les compagnies de disques. Créée au Theater an der Wien en 1907 avec Mizzi Günther et Louis Treumann, qui avaient assuré deux ans plus tôt le triomphe de La Veuve joyeuse, l'opérette de Leo Fall dut attendre 1908 avant de connaître un immense succès à Berlin, puis de poursuivre une brillante carrière à Londres et à New York. Une version française, de Willy, Anthony Mars et Maurice Desvallières, fut donnée en 1911 au Casino de Nice, puis à la Scala de Paris. L'intrigue, qui se déroule à New York et au Canada (à Aliceville, endroit purement imaginaire), s'articule autour des histoires de cœur de deux cousines, les richissimes héritières Alice et Daisy. La première jette son dévolu sur l'ingénieur impécunieux Fredy, tandis que la seconde ne peut résister au baron désargenté Hans von Schlick. Outre ces deux couples, auxquels Fall consacre la part du lion de sa partition avec force mélodies entêtantes et duos langoureux, le personnage de la chanteuse Olga se voit pourvue d'un splendide numéro d'inspiration cosaque accompagné d'un vigoureux chœur féminin. Notons également que, dix ans avant le ballet Parade d'Erik Satie présenté au Châtelet par les Ballets russes de Diaghilev, Fall surprend ses auditeurs par les bruits du klaxon et de la machine à écrire, réalisés ici par le xylophone et le triangle.
Particulièrement doué pour ce répertoire auquel il consacre une part importante de ses activités, Ulf Schirmer imprime sensualité, humour et impétuosité à une des partitions les plus réussies de Leo Fall. La distribution réunit entre autres Christiane Libor et Ralf Simon, les deux vedettes de sa version de Giuditta de Lehár, enregistrée également en 2012 avec le même Orchestre de la radio de Munich. En Alice, la soprano déploie avec beaucoup de panache les splendeurs de sa grande voix wagnérienne, tandis que le ténor Ferdinand von Bothmer, pourvu d'un organe plus modeste, est néanmoins un partenaire idéal de jovialité et de tendresse. Le second couple (Daisy-Hans) trouve en Magdalena Hinterdobler et Ralf Simon deux interprètes remarquables de sensibilité et d'élégance. Enfin, la truculente Olga d'Angela Mehling concourt à nous rendre encore plus attachante cette production, à laquelle les spectateurs du Prinzregententheater réservent un accueil extrêmement chaleureux.
Louis Bilodeau