Melody Louledjian (Élise), Virginie Pochon (Marinette), Julien Véronèse (Valentin), Arnaud Marzorati (Casanova/Maisonneuve), Mathias Vidal (Dubreuil). Chœur régional Provence-Côte d’Azur, Orchestre régional Avignon Provence, dir. Michel Piquemal (live 18 avril 2014, Opéra Grand Avignon).
Klarthe K073. 2 CD. Distr. Harmonia Mundi.


Quand le directeur de l’Opéra d’Avignon Maisonneuve, toqué de tout ce qui est italien et qu’on doit désormais appeler Casanova, renvoie un musicien français avant de s’en enticher quand il lui fait croire qu’il vient de la Péninsule… Ce pourrait être, en 1829, Halévy lui-même, dépité par l’accueil réservé l’année précédente à son dramma per musica intitulé Clari – avec la Malibran. Mais cette fois, cavatines et cabalettes ornées relèvent de la parodie amusée. Rien de plus facile pour un ancien Grand Prix de Rome devenu chef de chant au Théâtre Italien… L’occasion aussi de fustiger « les juges du balcon », autrement dit les critiques, « ces prétendus connaisseurs, qui sans avoir fait aucune étude, décident en souverains du mérite des auteurs, des acteurs, des ouvrages ».

On se régale de cet opéra-comique en un acte, dont le chœur final rend hommage aux « deux peuples réunis », pétillant plaidoyer pour une synthèse de deux styles. En Dubreuil renommé Signor Imbroglio, Mathias Vidal endosse les habits du ténor belcantiste, prompt à chanter en voix mixte et à vocaliser, avec des aigus faciles, juste un peu tendu dans l’irrésistible « duo à trois voix », plus rossinien que nature. Parfois un peu incertaine du côté des notes hautes, l’Élise de Melody Louledjian, de son côté, ne manque ni d’agilité ni de style, plus séduisante que Virginie Pochon. Julien Véronèse est aussi drôle que bien chantant, Arnaud Marzorati brûle les planches en directeur grotesque. Michel Piquemal dirige avec finesse, sans en rajouter, mais manque parfois un peu de verve… rossinienne. Devoir ce plaisir de gourmet à une petite maison de disques ne peut que nous réjouir. Bref, à déguster.

Didier van Moere