Jessica Prat (Amina), Shalva Mukerta (Elvino), Giovanni Battista Parodi (le Comte), Julie Mellor (Teresa), Anna Viola (Lisa), Dario Ciotoli (Alessio), Raffaele Pastore (Un notaire), Orchestre et Chœur du Théâtre La Fenice, dir. Gabriele Ferro ; mise en scène : Bepi Morassi (Venise, 2012).
DVD Unitel Classica Cmajor DVD 7133908. Distr. Harmonia Mundi.

Cette Somnambule transportée dans une station de sports d'hiver helvétique vous a un petit air de Labiche, façon Voyage de Monsieur Perrichon années 30, rhabillé à la défunte Samaritaine, avec cabine de téléphérique et neige virginale emblématique de l'innocente Amina. Le metteur en scène aurait ainsi évité toute sensiblerie au profit de la dramatisation d'une intrigue il est vrai assez ténue. Soit, mais cet embourgeoisement, outre qu'il fait litière de tout romantisme, souligne fâcheusement le profil roturier des interprètes, au vocal comme au physique. Jessica Prat et Shalva Mukerta forment en effet un couple des plus prosaïques et ce, dans leur jeu emprunté comme dans leur chant. La soprane peut se prévaloir d'une voix liquide et pulpeuse malgré un medium offusqué et un grave sourd. Faute de contrôle de l'émission dans le masque et d'un véritable mélange des registres, cet instrument à vent n'épouse qu'imparfaitement les pleins et les déliés de la ligne bellinienne. Quelques beaux smorzandi ne suffisent pas à compenser écarts de justesse, suraigus serrés et trilles stridents. Sans égaler aucune des grandes titulaires récentes du rôle, l'anglo-Australienne ne démérite point sans pour autant captiver. Le ténor géorgien, vraiment inexpressif à tous égards et desservi par un timbre nasal, fait ce qu'il peut pour pallier le manque de morbidezza de son Elvino scolaire. La basse poussive et les comparses féminines vibrionnantes complètent une distribution en somme bien pâle, tout comme les cordes de l'orchestre dirigé par le pertinent Gabriele Ferro.

J.C.