Aljaž Farasin (Faust), Carlo Colombara (Méphistophélès), Marjukka Tepponen (Marguerite), Lucio Gallo (Valentin), Diana Haller (Siébel), Ivana Srbljan (Marthe), Waltteri Torikka (Wagner). Orchestre et Chœur du Théâtre national croate de Rijeka, dir. Ville Matvejeff (Rijeka, 2-11 novembre 2016).
Naxos 8.660456-58 (3 CD). Présentation et argument en anglais et en allemand. Distr. Outhere.
Un nouveau Faust dans une discographie encombrée, si riche en versions de premier plan – dont certaines à petit prix ? Sans étoile de surcroît ? Sacré défi. Mais la concurrence était trop rude. Certes le Faust d’Aljaž Farasin affiche une belle santé vocale et n’ignore pas la nuance. La Marguerite de Marjukka Tepponen, malgré un vibrato un peu trop prononcé et des aigus parfois trop bas, séduit par la sensualité fruitée du timbre et de l’incarnation. C’est elle que nous préférons, même si le couple fatigue à la fin, avec le Siébel très bien chantant de Diana Haller. Mais Carlo Colombara, superbe timbre et vraie basse aux graves profonds, renvoie plus à la tradition slave qu’à la tradition française, diable de mélodrame vêtu de rouge et de méchanceté. Et le Valentin de Lucio Gallo déplaît aussitôt par la grossièreté de sa ligne. Passons sur Marthe et Wagner, vraiment pas beaux. L’accent ? Il n’est pas pire que dans certaines versions de plus haut rang. On est heureux, aussi, d’entendre la version londonienne de 1864 – pas de ballet, mais Marguerite et Siébel ont leurs deux airs, Faust son Chant bachique. L’orchestre et le chœur se défendent. La direction de Ville Matvejeff est inégale, avec des lenteurs tantôt heureuses, pour les pages plus intimistes, tantôt pesantes lorsqu’il faut faire avancer le drame. Dans une salle, ça passerait, on prendrait même parfois un certain plaisir. Il n’en est pas moins bien téméraire de mettre sur le marché une énième version d’un opéra aussi célèbre et aussi enregistré.
Didier van Moere