Gerhard Ernst (Török Pál), Sieglinde Feldhofer (Margit), Jevgenij Taruntsov (Sándor Zapolja), Wolfgang Gerold (le baron Árpád Ferenczy), Miriam Portmann (Vilma Garamy), Florian Resetarits (Bodroghy Pista), Sinja Maschke (Borcsa). Chœur du Festival Lehár de Bad Ischl, Orchestre Franz Lehár, dir. Marius Burkert (2013).
CPO 777 816-2 (2 CD). Notices et synopsis en allemand et en anglais. Distr. DistrArt.
Inspirée de la pièce Dorf und Stadt (Village et Ville, 1847) de Charlotte Birch-Pfeiffer, cette opérette de Lehár fut créée à Budapest le 1er janvier 1918 sous le titre A pacsirta (L'Alouette), puis reprise trois mois plus tard, avec grand succès, au Theater an der Wien. Gravitant autour de la relation que nouent la jeune villageoise Margit et le peintre Sándor, le livret a été écrit par Alfred Willner et Heinz Reichert, également auteurs d'une certaine... Hirondelle (La rondine), que Puccini avait fait jouer à Monte-Carlo en mars 1917. Peut-être les auteurs ont-ils choisi deux noms d'oiseaux afin d'établir un parallèle entre deux histoires d'amour impossibles se terminant par le départ de l'héroïne. Dans Wo die Lerche singt (Là où chante l'alouette), Margit renonce à sa campagne natale pour suivre Sándor à Budapest avant de comprendre qu'elle ne fut qu'un fantasme passager pour l'artiste fasciné par son image et qu'elle doit retourner vivre auprès des siens. Musicalement, on observe une différence très nette entre le premier tableau, grouillant de vie et de passion, et les scènes urbaines subséquentes qui s'étirent en longueur. Dans les nombreuses pages aux accents hongrois dont recèle la partition, l'orchestre du Festival Lehár de Bad Ischl trouve sous la baguette de Marius Burkert une cohésion et un dynamisme qui lui font trop souvent défaut. À cet égard, le palotás (danse hongroise d'origine aristocratique) endiablé du premier tableau constitue l'un des moments les plus réussis de cet enregistrement. L'autre source de plaisir nous vient de Sieglinde Feldhofer, dont la Margit pleine de candeur et au timbre frais se tire de façon plus qu'honorable d'un rôle particulièrement exigeant qui commence par le redoutable – mais ensorcelant – « Durch die weiten Felder ». Elle ne peut toutefois racheter le reste de la distribution, d'un niveau assez désolant, qui comprend deux habitués du Festival, le ténor Jevgenij Taruntsov et la soprano Miriam Portmann, qui font peine à entendre en Sándor et Vilma (véritable amour du peintre). On se montrera plus indulgent pour Gerhard Ernst en Török Pál, grand-père de Margit, car il s'agit d'un rôle de composition. Pour succomber totalement à la séduction de l'ouvrage, on se tournera plutôt vers l'enregistrement que Lehár avait lui-même réalisé à Vienne en 1942, avec la Margit absolument irrésistible d'Else Macha.
Louis Bilodeau