Kenneth Tarver (Carlo), Silvia Dalla Benetta (Cristina), Laura Polverelli (Eduardo), Baurzhan Anderzhanov (Giacomo), Xiang Xu (Atlei), Camerata Bach Choir et Virtuosi Brunensis, dir. Gianluigi Gelmetti (concert, 14-21.VII.2017).
Naxos 8.660466-67. Distr. Outhere.
Grand succès lors de sa création au Teatro San Benedetto de Venise le 24 avril 1819, l’opera seria Eduardo e Cristina est un centone (et à ce titre, il reste encore mal-aimé des programmateurs) : un pastiche réalisé par Rossini à partir d’extraits assemblés de ses propres œuvres préexistantes – des ouvrages que Venise n’avait pas encore entendus. Gherardo Bevilacqua-Aldobrandini et Andrea Leone Tottola ont révisé pour l’occasion le livret de Giovanni Schmidt écrit pour l’Odoardo e Cristina de Pavesi (1810). Le pot-pourri organisé par Rossini emprunte à Adelaide, Ricciardo, Ermione, Mosè… et même à Pavesi, parvenant à un tout cohérent et de bonne facture. Comme dans tout opera seria du moment, le couple d’amants « interdits » (secrètement mariés, ils ont même un enfant !) réunit un contralto travesti (le soldat Eduardo) et un soprano (Cristina, princesse de Suède), quand leur antagoniste est un ténor (le roi Carlo son père, qui veut la marier au prince Giacomo, basse), et un lieto fine (ou happy end) clôt leurs épreuves dans le bonheur, après l’inévitable « scène de prison ».
Une première réalisation du Festival de Bad Wildbad avait été captée en 1997, réunissant un plateau virtuose sous la baguette de Francesco Corti (CD Bongiovanni) mais dans une prise de son lointaine. Vingt ans plus tard, le son est meilleur mais la proposition est inégale : direction sûre quoique prudente de Gelmetti, Eduardo investi de Polverelli et Carlo stylé de Tarver, mais on reste circonspect devant les chœurs détimbrés et la Cristina astringente de Dalla Benetta.
Chantal Cazaux