Antonio Giovannini (Rinaldo), Gesche Geier (Armida), Marie Friederike Schöder (Almirena), Florian Götz (Argante), Yosemeh Adjei (Goffredo), Owen Willetts (Eustazio), Cornelius Uhle (le Mage chrétien). Lautten Compagney Berlin, dir. Wolfgang Katschner (live, Ludwigsburg Festival, 22-25 mai 2014).
Arthaus Musik (2 CD). 2014. 2h07. Notice en anglais. Distr. UVM Distribution.
Fallait-il vraiment publier séparément cette bande-son d’un gentil spectacle pour marionnettes donné au Festival de Ludwigsburg (coproduit avec celui de Halle, la ville natale du compositeur), par ailleurs édité en DVD ? Pas sûr. Dès l’ouverture, on est agacé par les tripatouillages que subit ici la partition : si l’on pourrait s’accommoder des nombreuses coupures (une demi-douzaine d’arias et la moitié des da capo) et de la réduction des effectifs (une trompette au lieu des quatre requises), l’on a du mal à supporter une instrumentation qui saupoudre tant de morceaux de pépiements de flûtes à bec (l’ouverture, justement, « Combatti da forte », « E un incendio », etc.) et de percussions fantaisistes (triangle, tambourin, castagnettes !). La direction sautillante, allègre mais peu tendue de Katschner va avec ce choix de sonorités. Surtout, la distribution vocale (captée en direct) nous vaut bien des moments pénibles, notamment dus à une Almirena et à un Goffredo frôlant l’amateurisme. L’Armida droite et germanique de Geier et le modeste Eustazio de Willetts ne valent guère mieux, tandis que, si le contre-ténor Giovannini convainc dans les airs de bravoure (« Venti, turbini », « Or la tromba »), il affiche un cruel manque de soutien dans le merveilleux « Cara sposa » (au da capo coupé !). Seul le baryton-basse Florian Götz campe un Argante tout à fait convenable. Cela ne suffira pas à maintenir au catalogue une version qui doit faire face à la concurrence de Malgoire (CBS/Sony, 1977), Hogwood (Decca, 1999) et Jacobs (HM, 2002).
Olivier Rouvière