Alexander Vederniiov (le Meunier), Natalia Mihkailova (Natacha/Roussalka), Konstantin Pluzhnikov (le Prince), Nina Terentieva (la Princesse), Galina Pisarenko (Olga). Grand Chœur de la Radio télévision de l'URSS, Orchestre Symphonique de la Radio de Moscou, dir. Vladimir Fedoseyev (1983).
CD Brilliant 94718. Distr. Abeille Musique.

Même si celle de Dvorak l'a supplantée, la Roussalka de Dargomuijski ici rééditée, qui fait le lien entre Glinka et les Six, ne doit pas être oubliée. Vladimir Fedoseyev en offre une exécution très soignée, aux jolies couleurs, bien captée de surcroît. On regrette seulement qu'il ait négligé - ou que n'ait pas été retenue - la danse des Ondines ouvrant le quatrième acte, un sacré morceau pourtant. Le plus complet reste donc Jurowski père, que rejoint Fedoseyev dans un certain manque de tension, comme si le drame se réduisait à une succession de tableaux. Sa distribution, en tout cas, se signale par une belle homogénéité. Natalia Mikhailova possède assez de souplesse dans l'émission et de fraîcheur dans le timbre pour incarner une Roussalka émouvante et crédible, fragile mais passionnée, au beau phrasé. Voix centrale, typiquement slave, Konstantin Pluzhnikov affine progressivement son Prince, galbe sa ligne avec élégance, en particulier dans son air du troisième acte. Peut-être, en revanche, le Meunier pittoresque d'Alexander Vedernikov en fait-il un peu trop, surtout quand le père cupide de la malheureuse Roussalka perd sa truculence pour verser dans la folie. Un écueil qu'évite la Princesse opulente de Nina Terentieva (intervertie par erreur sur le boîtier avec Galina Pisarenko), très noble de maintien, très homogène de tessiture, seulement un rien distante. Cela dit, si ce cast s'avère plus satisfaisant que celui de Jurowski, il faut compter avec la version plus ancienne de Svetlanov, où les rôles étaient mieux caractérisés - malgré une Roussalka assez mûre de Smolenskaya. La direction, surtout, s'avérait beaucoup plus inventive, beaucoup plus théâtrale, en un mot beaucoup plus inspirée. Mais il y avait des coupures, parfois rédhibitoires, l'ensemble était mal capté. A vous de voir ce que vous privilégiez... Au fait, quand nous rendra-t-on Niebolssine ?

D.V.M.