Sabine Brohm (la Périchole), Ralf Simon (Piquillo), Gerd Wiemer (Don Andrès de Ribeira), Bern Könnes (le comte de Panatellas), Marcus Günzel (Don Pedro), Jessica Glatte (Guadalena/Manuelita), Elke Kottmair (Berginella/Frasquinella). Chœur et Orchestre de la Staatsoperette de Dresde, dir. Ernst Theis (live 2009). En supplément : deux extraits de la version viennoise de 1874, avec Isabell Schmitt en Périchole (2010).
cpo 777 493-2 (2 CD). Version allemande. Présentation et synopsis en allemand et anglais. Distr. DistrArt.
Au sein de la discographie offenbachienne, on trouve quelques enregistrements chantés en allemand qui soutiennent très bien la comparaison avec les versions françaises. Ainsi en est-il de la superbe Schöne Helena de Willy Mattes (EMI), où font merveille Anneliese Rothenberger, Nicolai Gedda et Brigitte Fassbaender, et des truculents Banditen (Les Brigands, Line Music) de Fried Walter avec un Helge Rosvaenge brillantissime en Falsacappa. Donnée dans une nouvelle traduction de Peter Ensikat, cette Périchole en provenance de Dresde ne se situe pas sur de tels sommets, mais possède l'avantage d'être basée sur l'édition critique de Jean-Christophe Keck, ce qui nous vaut de superbes découvertes. Le deuxième acte retrouve ici le « duo des bijoux », coupé dès le deuxième soir en 1868 et dans lequel le vice-roi, déguisé en marchand, suscite la convoitise de la Périchole qui s'exclame « Ah ! que j'aime les diamants » en reprenant brièvement le thème de l'air d'entrée de la Grande-Duchesse de Gérolstein. Deux précieux compléments permettent en outre de découvrir la musique composée par Offenbach pour la reprise viennoise de 1874 : une ravissante valse avec force roulades destinée à la soprano Marie Geistinger (« Geistinger-Walzer ») et le finale du troisième acte, beaucoup plus développé que celui de la version parisienne.
En plus de cet intérêt musicologique, le coffret possède d'indéniables qualités, au premier rang desquelles on placera la Périchole de Sabine Brohm. Dotée d'une voix large, la soprano sait plier son instrument aux subtilités que réclame la partition et campe une chanteuse des rues à la fois volontaire et sensible. Dans les extraits viennois, la soprano Isabell Schmitt fait entendre une voix agile mais assez pointue. Si Ralf Simon déconcerte d'abord par un timbre quasi wagnérien et plutôt nasal, il offre toutefois un portrait juste et d'une grande finesse musicale du personnage de Piquillo. Peu exigeant sur le plan vocal, le rôle de Don Andrès convient bien au baryton Gerd Wiemer, qui se distingue davantage par sa verve que par ses moyens quelque peu limités. On se montrera plus sévère pour le chœur, pas toujours discipliné, et surtout pour l'orchestre de la Staatsoperette de Dresde, dirigé sans grandes nuances par Ernst Theis. Trop souvent, le chef cherche ses marques, comme dans l'ouverture, où il hésite entre rythme précipité (premières mesures) et tempo exagérément alangui (thème de « Il grandira car il est Espagnol »). Voilà en somme un enregistrement qui s'adresse d'abord aux mélomanes curieux de connaître quelques-uns des avatars de cette œuvre à la tonalité douce-amère.
Louis Bilodeau