La Belle Hélène, Jules Gressier, 1948 (extraits)
Madame Favart, Roger Ellis, 1953
Les Brigands, Jules Gressier, 1953 (+ Pomme d'Api, Tony Aubin, 1962)
La Périchole, Georges Derveaux, 1956
Madame l'Archiduc, Marcel Cariven, 1956 (+ Le Fifre enchanté ou le Soldat magicien, Roger Ellis, 1958)
Geneviève de Brabant, Marcel Cariven, 1956 (+ La Permission de dix heures, René Dhaène, 1952)
La Fille du tambour-major, Pierre Tellier, 1957 (+ La Chanson de Fortunio, Jean-Claude Hartemann, 1963)
La Grande-Duchesse de Gérolstein, Marcel Cariven, 1957
Mesdames de la Halle, Roger Ellis, 1958 (+ extraits de Bagatelle, Marcel Cariven, année non renseignée)
L'Île de Tulipatan, Marcel Cariven, 1958 (+ extraits de La Jolie Parfumeuse, Marcel Cariven, 1956)
Barbe-Bleue, Marcel Cariven, 1958
Les Bavards, Pierre Capdevielle, 1958
La Belle Hélène, Marcel Cariven, 1958
Le Voyage dans la Lune (extraits), Jean-Paul Kreder, 1961 (+ extraits du Voyage de MM. Dunanan père et fils, Édouard Bervily, 1956)
La Créole (version d'Albert Willemetz), Marcel Cariven, 1961 (+ Le 66, Marcel Cariven, 1958)
La Princesse de Trébizonde, Marcel Cariven, 1966 (+ Monsieur Choufleuri restera chez lui le..., Richard Blareau, 1963)
En cette année du bicentenaire d'Offenbach, il convient d'attirer l'attention de nos lecteurs sur le catalogue d'enregistrements anciens que propose le label Malibran. Réalisés le plus souvent à partir d'émissions diffusées par la RTF – devenue ORTF en 1964 –, ces disques offrent l'écho d'une époque pas si lointaine où l'on sabrait allègrement dans les partitions et où les dialogues étaient le plus souvent remplacés par les interventions intempestives du speaker ou de la speakerine. Qui plus est, on ignorait généralement la volonté du compositeur de confier à des femmes les rôles de jeunes hommes. L'orchestre n'avait manifestement guère le temps de répéter et le chœur était souvent au-dessous du médiocre, ce qui rend d'autant plus méritoire le travail de chefs de la trempe de Jules Gressier et Marcel Cariven, dont l'héritage discographique est par ailleurs inestimable.
Pour guider l'amateur qui hésiterait entre les dix-sept albums actuellement disponibles, disons d'abord que pour qui veut découvrir Geneviève de Brabant, La Princesse de Trébizonde, L'Île de Tulipatan ou Madame l'Archiduc, le choix s'impose en raison de l'absence ou de l'extrême difficulté à trouver une version concurrente. Fort heureusement, ces ouvrages, en plus d'être dirigés par Marcel Cariven, comprennent de précieux suppléments et réunissent d'assez belles distributions : Denise Duval, Michel Hamel, Jean Giraudeau et Michel Dens (Geneviève de Brabant), Lina Dachary, Aimé Doniat, Robert Destain et Raymond Amade (La Princesse de Trébizonde), Joseph Peyron, Lina Dachary, André Balbon et René Lenoty (L'Île de Tulipatan) et Claudine Collart, Aimé Doniat, René Lenoty et André Balbon (Madame l'Archiduc). Parmi ces chanteurs, nous avouons notre faible pour la délicieuse Claudine Collart et l'exquis ténor Aimé Doniat. Ce dernier se retrouve notamment dans la superbe intégrale des Bavards dirigée par Pierre Capdevielle, où il campe un Roland absolument irrésistible dans son brindisi (« C'est l'Espagne qui nous donne/Le bon vin, les belles fleurs »). Au titre des raretés, mentionnons que Le Voyage dans la Lune de Jean-Paul Kreder constitue un pis-aller : il ne s'agit que de quelques maigres extraits où le Caprice prosaïque de Joseph Peyron ne saurait rendre justice à un rôle écrit pour la célèbre soprano Zulma Bouffar. Quant aux pages de La Créole (avec Claudine Collart et Aimé Doniat), elles offrent un intérêt plutôt mince, car elles retiennent non pas la version originale mais plutôt l'arrangement qu'en a réalisé Albert Willemetz en 1934 pour Joséphine Baker.
On pourra sans remords ignorer Les Brigands de Gressier (avec Willy Clément en Falsacappa), La Périchole de Georges Derveaux (avec Maria Murano), La Fille du tambour-major de Pierre Tellier (avec Lina Dachary) et La Belle Hélène de Cariven (avec Maria Murano), qui n'ajoutent rien d'indispensable à la discographie. En revanche, on retiendra la Madame Favart de Roger Ellis (pour les merveilleux Fanély Revoil et Michel Dens), La Grande-Duchesse de Gérolstein de Cariven (pour Suzanne Lafaye, bien secondée par Jean Giraudeau et Louis Musy) et le Barbe-Bleue de Cariven (pour le splendide Michel Sénéchal). Celui-ci s'illustre également dans le rôle de Babylas du Monsieur Choufleuri hilarant dirigé par Richard Blareau à l'Alhambra de Paris en 1963, avec l'adorable Ernestine de Line Clément. Enfin, nous avons gardé pour la fin la perle de cette recension : les substantiels extraits de La Belle Hélène dirigés en 1948 par Jules Gressier, avec l'incomparable Fanély Revoil. On tient là une interprète exceptionnelle qui, outre la beauté intrinsèque de la voix et un art consommé du chant, possède le don unique de faire sentir les multiples sous-entendus malicieux ou coquins de la musique et du texte. S'il fallait choisir un seul titre, c'est sans aucune hésitation que l'on recommanderait cette Belle Hélène d'anthologie où brille une artiste à son apogée.
L. B.