Camille Schnoor (princesse Alexandra Maria), Daniel Prohaska (Viktor Ronai), Nadine Zeintl (Lori Aschenbrenner), Simon Schnorr (baron Hubert von Mützelberg), Maximilian Mayer (comte Lothar Mereditt), Erwin Windegger (duc Ottokar von Grevlingen), Chœur et Orchestre du Staatstheater am Gärtnerplatz de Munich, dir. Michael Brandstätter (live, 21 et 28 février 2017).
cpo 555 147-2. Notices et synopsis en allemand et anglais. Distr. DistrArt Musique.
En pleine tourmente de la Première Guerre mondiale, cette Fée du carnaval de Kálmán connut un destin assez exceptionnel. C'est d'abord à Budapest que, sous le titre Zsuzsi Kisasszony (Mademoiselle Susi), elle remporte un vif succès en 1915 avec Mizzi Günther, la toute première veuve joyeuse de Lehár. Devenue Miss Springtime et enrichie de trois numéros de Jerome Kern, l'opérette conquiert le New Amsterdam Theatre de New York l'année suivante. Remanié par Alfred Maria Willner (un des auteurs à l'origine de La rondine de Puccini) et Rudolf Österreicher, l'ouvrage s'intitule ensuite Die Faschingsfee lorsque le Johann Strauss-Theater de Vienne le donne en septembre 1917 avec Mizzi Günther. Pour une série de représentations au Metropoltheater de Berlin en 1918 mettant en vedette la fameuse Fritzi Massary, Kálmán transforme encore une fois sa partition, qui remporte à ce moment un véritable triomphe.
Le présent enregistrement est la captation d'un spectacle monté en février 2017 à l'ancienne Kongresshalle de Munich par la troupe du Staatstheater am Gärtnerplatz visant à souligner le centième anniversaire d'une œuvre se déroulant – du moins dans sa version allemande – sur les bords de l'Isar. Les célébrations manquent toutefois d'éclat en raison d'un orchestre de second ordre et d'un chœur à l'homogénéité déficiente qui privent la musique de Kálmán d'une grande part de son pouvoir de séduction. Trop sage, la direction de Michael Brandstätter semble toujours se tenir quelque peu à distance de l'enivrante volupté à laquelle il devrait s'abandonner pour nous emporter dans un délicieux vertige. À sa décharge, avouons que, outre une prise de son trop mate, la distribution s'avère globalement décevante. Dans le rôle du peintre Viktor qui tombe amoureux d'une jeune femme se révélant être la princesse Alexandra Maria, le ténor Daniel Prohaska résume bien l'impression d'ensemble : sympathique mais peu exaltant. Dans le rôle-titre, la soprano franco-allemande Camille Schnoor se situe heureusement cent coudées au-dessus de ses collègues. Grâce à son timbre ravissant, à sa technique très sûre et à son art du chant, elle habite réellement son personnage et justifie à elle seule cette parution qui ne saurait toutefois constituer une version de référence.
L. B.