Carlo Malinverno (le Roi), Mariana Pentcheva (Amneris), Susanna Branchini (Aida), Walter Fraccaro (Radamès), George Andguladze (Ramfis), Alberto Gazale (Amonasro), Yu Guanqun (Une prêtresse), Cosimo Vassallo (Un messager), Chœurs et Orchestre du Teatro Regio, dir. Antonino Fogliani, mise en scène : Joseph Franconi Lee (Parme 2012).
DVD Cmajor Unitel Classica DVD 721808. Distr. Harmonia Mundi.

Une version de plus dans le rayon vidéo d'Aida, dont on sait combien il peut être encombré d'inutilités. Avec Parme, on retrouve l'Italie, et l'une de ses scènes les plus emblématiques. Mais une fois encore, on restera sur sa faim tant sur le plan scénique que musical. On n'échappe pas à une mise en scène traditionnelle, plutôt maîtrisée par un jeu de panneaux mobiles de bas-reliefs typiques, qui forment de beaux fonds d'image pour les gros plans. Mais une direction d'acteurs molle et sans idée, des défilés attristants, des costumes bien lourds - mais pas trop dégoulinants de dorures - et des maquillages outranciers n'ajoutent rien à l'œuvre.

Reste la musique, alors. Mais si ce temple de l'italianità vocale fait plutôt mieux que ses concurrents récents, il n'évite pas les problèmes de l'époque en matière de chant : Walter Fraccaro, guère styliste, à l'aigu un peu tiré, au timbre sans charme, est un Radamès seulement acceptable et sans intérêt majeur. L'Amneris de Mariana Pentcheva a des moyens, un gros vibrato et un aigu qui tend à chercher sa justesse. L'Aida de Susanna Branchini en a aussi et les utilise avec plus de nuances, même si ses aptitudes aux pianissimi, aigus flottants et autres délicatesses, sont loin d'éblouir. Mais au moins la voix est franche et solide. Et, ce qui ne gâte rien, elle est belle et bonne actrice, et apparaît presque vivante dans le monde compassé de la production. Bref, l'une des rares Aida qui retienne l'attention aujourd'hui. L'Amonasro d'Alberto Gazale est fort de voix, tout comme le Ramfis de George Andguladze, sans être d'un raffinement de style absolu. Le tout est mené avec énergie et un réel sens du dramatisme requis par Antonino Fogliani. Mais rien ne demeure à l'oreille ou à l'œil comme indispensable.

P.F.