Sonia Prina (Orlando), Michela Antenucci (Angelica), Lucia Cirillo (Alcina), Loriana Castellano (Bradamante), Konstantin Derri (Medoro), Luigi Schifano (Ruggiero), Riccardo Novaro (Astolfo), I Barrochisti, dir. Diego Fasolis, mise en scène : Fabio Ceresa (Martina Franca, juillet 2017).
Dynamic 37803 (2 DVD). Distr. Outhere.
Dans la cour du Palais Ducal de Martina Franca, Alcina règne sur son trône, conque rutilante, entourée de ses esclaves asexués : le ton est donné. Fabio Ceresa restera fidèle au drame de Braccioli, n’élucubrant pas autrement qu’en saturant de références sa mise en scène et en le noyant dans un trésor de pierreries et d’or. Cela n’empêche pas son spectacle d’être parfois magique, comme lorsque l’hippogriffe transporte Ruggiero sur l’île enchantée, mais les abondantes coupures qu’il aura obtenues du sourcilleux Diego Fasolis, si elles avivent l’action, réduisent les psychés des acteurs du drame.
Autre écueil, cette fois pour les chanteurs, le plein air fait sentir la modestie des formats vocaux de Michela Antenucci, une Angelica qui compense par la subtilité et l’élégance de son chant (assez pour qu’Orlando en soit obsédé), mais plus encore dans le cas de la magicienne : Lucia Cirillo peine à incarner les vénéneuses séductions d’Alcina. On devra excuser les deux contre-ténors qui peinent tant à incarner les vocalités de Medoro et de Ruggiero.
Et Sonia Prina ? Il est un peu tard pour son Orlando, on l’aura connu autrement virtuose et engagée. Le chant s’est fait prudent par nécessité, l’artiste compensant en brossant un portrait subtil des tourments amoureux. On imagine que la distribution aura sonné avec une tout autre présence dans la bonbonnière de la Fenice, d’autant que la prise de son de cette captation flatte l’orchestre multicolore et ardent emmené par Diego Fasolis, un théâtre à lui seul.
Jean-Charles Hoffelé