L’inganno felice (dir. M. Minkowski), La scala di seta (dir. G. Ferro), Tancredi (dir. G. Ferro), L’italiana in Algeri (dir. C. Scimone), Il turco in Italia (dir. G. Gavazzeni), Il barbiere di Siviglia (dir. J. Levine), La Cenerentola (dir. V. Gui), Ermione (dir. C. Scimone), Bianca e Falliero (dir. D. Renzetti), Zelmira (dir. C. Scimone), Semiramide (dir. A. Zedda), L’assedio di Corinto (dir. T. Schippers), Le Comte Ory (dir. V. Gui), Guillaume Tell (dir. L. Gardelli), Edipo a Colono (dir. C. Scimone), concerts Rossini du Lincoln Center (New York, 1992), Colbran, the Muse (récital J. DiDonato), récitals d’airs et mélodies par R. Blake et M. Horne, Stabat Mater et Petite Messe solennelle (dir. A. Pappano), Messa di Gloria (dir. S. Accardo), sonates pour cordes (dir. C. Scimone), transcriptions par G. Cziffra, ouvertures, etc.
Warner Classics 0190295611156. Notice biographique trilingue (dont français), synopsis des opéras en anglais seulement. Distr. Warner Music.
Pour célébrer le 150e anniversaire de la mort de Rossini, Warner édite un coffret de 50 disques : plus de 53 heures de musique – aussi bien opéra que mélodies, musique de chambre ou pour chœur –, avec quantité d’interprètes de référence (de Horne à Bartoli en passant par Callas, Blake ou Ramey, Giulini, Scimone ou Zedda, etc.).
Tout Rossini ? Certes pas. Il faudrait tripler le coffret pour offrir la quarantaine d’opéras du compositeur. Mais quatorze titres, ce n’est pas si mal, même si Ermione ou Zelmira (par Scimone, tout de même !) sont certes moins primordiaux que La donna del lago, Otello ou Le Voyage à Reims qui nous manquent ici – entre autres. Warner a le catalogue plus ou moins heureux : on trouve quelques références absolues (la Fiorilla de Maria Callas, l’Italiana de Scimone avec Horne et Ramey, la Semiramide de Zedda, le Stabat Mater de Pappano) et d’autres belles réussites ou raretés (L’inganno felice de Minkowski avec Gimenez et Massis, le premier Comte Ory de Gui, la musique de scène d’Edipo a Colono par Scimone, notamment) ; mais hélas le Barbier de Levine n’est en rien l’atout attendu, le Dandini de Bruscantini pâtit d’une Cenerentola moins recommandable, l’Assedio de Schippers n’est pas le bon (mieux vaut celui enregistré avec Horne) et le Guillaume Tell de Gardelli n’égale pas la réputation de son cast (Bacquier, Caballé, Gedda). L’ensemble paraît donc assez hétérogène de qualité – comme, du reste, de composition ou d’édition : La Boutique fantasque, ballet composé par Ottorino Respighi en 1919 d’après les Péchés de vieillesse, est ici laconiquement attribué à Rossini, sans aucune précaution ni contextualisation !
Si la synthèse biographique signée par Philip Gossett en 1992 est évidemment fiable et précise, on aurait aimé des synopsis d’opéra accessibles en français, voire une présentation plus développée des raretés et récitals ici regroupés. Certains sont hélas réduits à une sélection d’extraits ; quel plaisir néanmoins de retrouver souvent Horne (Giovanna d’Arco e ariette rare, intégral ; Live alla Scala, repris pour son programme rossinien seulement ; Rossini, arie alternative, hélas bien incomplet) mais aussi, ici et là, Serra et Von Stade, Lemieux et Cencic, Ramey et DiDonato (cette dernière avec son Colbran, the muse). Rockwell Blake a droit à un traitement de faveur avec trois récitals rossiniens complets (The Rossini Tenor, 1987 ; Encore Rossini, 1989 ; Mélodies, 1995). Autres pépites, pianistiques : les quelques Péchés de vieillesse gravés par Aldo Ciccolini (mais répartis entre deux galettes !), drolatiques et entraînants, et les géniales et terrifiantes improvisations ou transcriptions post-lisztiennes de Cziffra sur La danza ou Guillaume Tell. Entre trésors cachés et publication imparfaitement éditée… Rossini reconnaîtra les siens.
Chantal Cazaux