CD Decca 478 4372. 2 CD. Distr. Universal.
Comme si Carmen et Werther n'avaient pas suffi, voici Andrea Bocelli dans Roméo et Juliette. Coups de glotte, sons ouverts, aigus arrachés, tout y passe - ne parlons pas du style. La voix elle-même s'est usée et les registres se soudent parfois mal. Le troisième acte, où le ténor doit avoir une certaine vaillance, se supporte difficilement. La sincérité de l'engagement ne fait rien à l'affaire. Dire qu'on dissertait sur les faiblesses de Villazón à Salzbourg... Autour de lui, on chante le français n'importe comment, le Page fait matrone, Frère Laurent trémule d'une voix charbonneuse. Reste la belle Juliette de Maite Alberola, surtout par rapport aux autres, la seule à faire ce qu'il faut, même si le premier acte révèle des carences dans l'agilité, et que l'aigu manque de rondeur et de stabilité. Elle ne peut pour autant sauver la mise. A la tête de l'orchestre moyen, sinon médiocre, de sa ville natale, Fabio Luisi se montre assez inégal, avec de beaux moments et des passages à vide. La production devait, paraît-il, aider l'Opéra de Gênes à se sortir d'une situation difficile. De là à enregistrer... Il est des choses que le critique se doit de dénoncer.
D.V.M.