Graciela Oddone (Scintilla), Lorenzo Regazzo (Tabarano). Ensemble Arcadia, dir. Attilio Cremonesi (2001).
CD Glossa 922511. Distr. Harmonia Mundi.
Composé en 1728, à Naples, pour occuper les entractes d'un opéra séria de Pietro Scarlatti, cette Contadina fut longtemps attribuée à Pergolèse : le succès de La serva padrona (qui, rappelons-le, ne verra le jour que cinq ans plus tard), l'existence d'un titre similaire dû au natif de Jesi et, plus profondément, la réputation conquise par ce dernier après sa mort prématurée, ont servi d'excuses à cette erreur de catalogue, cautionnée par le castrat Caffarelli. Une telle confusion joue cependant en faveur du jeune Hasse : à moins de trente ans, alors qu'il vient de s'arroger le titre de « Caro Sassone » dont l'Italie parait Haendel vingt ans plus tôt, Johann Adolf s'affiche comme le chef de file de la nouvelle école buffa, capable de composer dans un style encore plus mélodieux, plus facile – plus italien, en somme –, que les Italiens mêmes ! Passons sur le sujet de cet intermezzo en deux parties – c'est toujours le même : une rouée paysanne roule un barbon friqué avant de se trouver elle-même acculée au mariage. L'originalité de la partition ne réside pas non plus dans les quatre airs, mignons, mais dans les danses (dont un « ballet turc » et un menuet bien français) qui l'émaillent, ainsi que dans un duo final presque dramatique, laissant pressentir quel compositeur d'opéras sera Hasse. C'est dans ces pages que la direction de Cremonesi trouve sa justification – ailleurs, cette battue désinvolte, pour ne pas dire débraillée, faisant alterner alanguissements et brusques accès nerveux, nous agace passablement par son absence d'ossature, même si elle a connu un certain succès critique. Les chanteurs, eux, sont magnifiques : Regazzo, sombre et mordant, a hélas peu à chanter, tandis que la voix fauve, capiteuse, pleine de sex appeal d'Oddone nous fait regretter que cette soprano n'ait pas, depuis, tenu toutes ses promesses. Si le complément de programme (un Concerto grosso contemporain de Mascitti) offre peu d'intérêt, la réédition de ce titre d'abord paru chez Harmonia Mundi vient opportunément fêter les deux cent trente ans de la mort de Hasse…
O.R.