CD DG 483 5210. Notice en français. Distr. Universal.
Nous avons trop vanté la belle intégrale en cours des opéras de Mozart par Nézet-Séguin pour hésiter à exprimer aujourd’hui nos réserves. En bref, c’est raté. Un peu par la faute du chef, qui semble trop s’appliquer et manque de simplicité (écoutez, par exemple, le second trio de l’acte II, le n° 18, joué staccato, chanté trop fort). Si l’on admire toujours son sens de la narration et de la dynamique, on regrette un caractère souvent pesant, appuyé, qui empêche le discours d’avancer, la forme de « couler ». Son orchestre, aux plans bien caractérisés, sonne en outre un peu gras et on pourrait en attendre des articulations plus nettes (Ouverture).
Là n’est pas, pourtant, le point le plus faible de l’enregistrement. Ce qui pêche surtout ici, c’est Titus. Le grave de Villazón est toujours beau, la couleur fauve – mais ce chant ! Ces ports de voix, ces sons en arrière (l’aigu est périlleux, même dans le récit) ou démesurément ouverts, ces attaques grandiloquentes, ces sanglots, cette ligne heurtée (« Del più sublime soglio »), ces vocalises en berne (« Se all’impero ») : un festival de ce que le ténor latin peut offrir de pire et rien qui convienne au monarque éclairé campé par Métastase !
Le reste de la distribution, lui, se tient bien, sans toujours marquer l’imagination (Publio et Servilia, corrects). On aime l’Annio ardent d’Erraught dans son premier air, moins dans le second, qui la trouve tendue. On applaudit au legato soyeux de DiDonato, aux mille nuances dont elle pare ses airs, mais on regrette un timbre relativement banal et une vocalisation plus rossinienne que mozartienne. La Vitellia de Rebeka est presque uniquement méchante : projection incisive, étendue impressionnante mais trop de métal et bien peu d’émotion dans le rondo.
La clemenza, souvent enregistrée, reste difficile à dompter : à côté des références Davis, Kertész et Harnoncourt, seuls Jacobs (HM, 2006) et de Marchi (dans une édition « augmentée », CPO, 2013) ont récemment convaincu.
O.R.