Ramon Vargas (Ernani), Ludovic Tézier (Don Carlo), Alexander Vinogradov (Silva), Svetla Vassilieva (Elvira), Karine Ohanyan (Giovanna), Maurizio Pace (Riccardo), Gabriele Ribis (Jago), Orchestre Philarmonique et Chœurs de l’Opéra de Monte-Carlo, dir. Daniele Callegari, mise en scène : Jean-Louis Grinda (Monte-Carlo, 2014).
DVD Arthaus Musik 109344. Distr. Harmonia Mundi.

Le clair-obscur, les bougies repoussant les ténèbres de cet archétype du drame romantique post-donizettien, le miroir incliné où se reflètent les habits de cour historicistes, les toiles d’Uccello : tout ici fleure l’esthétisme bon teint et la tradition. On ne s’en plaindra point, même si, en dépit des cadrages de la réalisation, le jeu des protagonistes ne se départ pas d’une gestuelle assez convenue. Vargas, passé par Rossini et le post-belcantisme donizettien, soigne sa ligne et ses nuances quand la tessiture du rôle éponyme met à nu son manque de carrure et de spinto, tant dans la cabalette que dans les ensembles. Le viril et noble Carlo de Tézier domine alors le plateau par l’ampleur et l’étoffe du phrasé, la pertinence de l’accent et le sfumato d’un timbre de velours et de bronze. Le Silva de Vinogradov n’est certes pas aussi aguerri que le laisse supposer son titre de Grand d’Espagne mais il tient son rang vocal et scénique. Egarée dans un emploi dont elle ne possède pas la syntaxe, qu’elle malmène constamment, déstabilisée par son vibrato et la précarité de sa technique, Elvira ruine hélas le génial trio final de l’ouvrage. Callegari accompagne sans inspiration particulière, croyant compenser par les tempi inconsidérés des mouvements rapides ce que sa lecture a de superficiel. Dans l’ensemble cette vidéo supplante néanmoins celle de Parme 2005 qui l’avait précédée, déclassée par les prestations du ténor Berti et de Susan Neves.

J.C.