Olesya Golovneva (Luisa Miller), Vladislav Sulimsky (Miller), Taras Shtonda (le comte Walter), Luc Robert (Rodolfo), Ivonne Fuchs (Federica), Lars Arvidson (Wurm), Emma Lyrén (Laura), Chœur et Orchestre de l’Opéra de Malmö, dir. Michael Güttler, mise en scène : Stefano Vizioli (Malmö, 2012).
DVD et BR ArtHaus Musik 108 088. Notice et synopsis en anglais. Distr. Harmonia Mundi.

La vidéographie de Luisa Miller n’est pas tant pléthorique qu’on ignore cette captation de Malmö, honorable sinon enthousiasmante – et qui s’appuie sur l’édition critique de la partition. Malgré une élocution parfois peu idiomatique, Olesya Golovneva et Vladislav Sulimsky possèdent, tout comme leurs partenaires, les moyens de leur rôle – Golovneva notamment, qui fait montre d’une palette sachant alterner les légèretés du I avec les dramatismes des actes suivants et s’avère d’une expression toujours juste. On apprécie la profondeur d’Ivonne Fuchs en Federica tout comme l’adéquation du ténor de Luc Robert avec la partie de Rodolfo ou les noirceurs mordantes de Lars Arvidson en Wurm, et même la Laura « surclassée » d’Emma Lyrén. Mais on déplore que tous soient vieillis et figés par la lourdeur des costumes et, plus encore, des maquillages, que les gros plans de la caméra n’épargnent pas. Impossible, dès lors, de croire à leur personnage, que la direction d’acteurs de Stefano Vizioli n’affine pas, ni de s’attacher à une action que sa mise en scène maintient « entre deux chaises », entre réalisme illustratif et symbolique artificielle (les décors de Cristian Taraborelli explorent ainsi une direction diamétralement opposée à la littéralité des costumes d’Anna Maria Heinreich). Les lumières crues de Guido Petzold renforcent ce sentiment d’extériorité, de même que quelques plans de coupe faisant irruption dans les coulisses sans vraie nécessité. Dommage, car musicalement le compte s’approche, notamment avec la direction sensible et vivante de Michael Güttler – des qualités audibles dès l’ouverture.

C.C.