Hermann Prey (Werner Kirchhofer), Franz Hawlata (Conradin), Christoph Späth (Haushofmeister), Regina Klepper (Maria), Alfred Kühn (le Baron de Schönau), Chœur et Orchestre de la Radio de Cologne, dir. Helmut Fröschauer (1994).
CD Capriccio C 5187. Distr. Abeille Musique.

Né en Alsace mais formé à Leipzig, Victor E. Nessler (1841-1890) composa quelques ouvrages lyriques de belle venue, ce qui ne l'a pas empêché de disparaître - l'homme comme l'œuvre - dans le grand lessivage lyrique du XXe siècle.

C'est dommage, si l'on écoute sans trop en demander une partition aussi charmante, joliment troussée et sans aucun gramme de prétention que ce Trompettiste de Säckingen qui aura assuré pour l'essentiel la réputation de son auteur, l'appui inconditionnel de Nikisch faisant le reste. On admire les mélodies fraîches, l'orchestre sans façon mais qui sait d'où il vient (Weber plutôt que Wagner), le sens du théâtre qui lui fait composer pour qu'on entende chaque mot - car on est au théâtre d'abord. L'intrigue en est très mince, avec un clin d'œil aux Noces de Figaro. Lorsque le Baron de Schönau apprend que son trompettiste a des vues sur sa fille Maria, il le condamne à l'exil. Bon gars, celui-ci revient sauver son patron aux prises avec une jacquerie. Une marque sur son bras, miraculeusement découverte, atteste qu'il est de naissance noble. Le Baron accepte alors qu'il convole en justes noces avec sa fille. Nessler campe un décor très vivant, plein de mélodies villageoises qui firent le succès de l'œuvre.

Il aurait été heureux du soin apporté par la jolie troupe assemblée sous la baguette pleine d'esprit d'Helmut Fröschauer qui met son orchestre sur les pointes. Et la rencontre entre Hermann Prey, dans ses années de vétéran - Prey qui connaissait le moindre des recoins de la comédie lyrique allemande romantique -, et un tout jeune Franz Hawlata, donne son lot de pépites. Si l'on ajoute la jolie Maria de Regina Klepper, des comprimari finement assemblés, on tient là une pétillante redécouverte qui donne envie d'entendre aussi bien traités son grand opéra romantique Der Rattenfänger von Hameln ou le somptueux et tardif (1890) Die Rose von Strassburg.

J.-C.H.