Marco Filippo Romano (Ser Marcantonio), Loriana Castellano (Bettina), Matteo D'Apolito (Tobia), Timur Bekbosunov (Medoro), Silvia Beltrami (Dorina), Svetlana Smolentseva (Lisetta), Massimiliano Silvestri (Pasquino). Orch. de chambre de Pforzheim, dir. Massimo Spanado (live, Bad Wildbad 2011).
CD Naxos 8.660331.32. Livret téléchargeable sur le site de Naxos. Distr. Abeille Musique.

Compositeur extrêmement prolifique, Stefano Pavesi (1779-1850) a fait jouer près de soixante-dix opéras dans le premier tiers du XIXe siècle et succéda à Salieri au poste de directeur musical du Théâtre de la cour de Vienne entre 1826 et 1830. Si l'on retient aujourd'hui son nom, c'est surtout en raison de Ser Marcantonio, dont le livret d'Angelo Anelli servit de base au Don Pasquale (1843) de Donizetti. Au moment de sa création à La Scala en 1810, Ser Marcantonio obtint un grand succès, avec 54 représentations, avant d'être redonné dans de nombreuses villes d'Europe, notamment à Paris en 1813. La reprise au Kärntnertortheater de Vienne, en 1842, marqua le terme de ce triomphe international puisqu'elle inspira à Donizetti sa propre adaptation de l'histoire du vieux célibataire dont les projets matrimoniaux sont mis à mal par la fiancée de son neveu. Pour goûter le dramma giocoso de Pavesi, il faut essayer de faire abstraction du chef-d'œuvre étourdissant de Donizetti et avoir plutôt en tête les premières partitions de Rossini, génie mélodique en moins. La virtuosité est ici présente, mais jamais ébouriffante, et les caractères dessinés dépourvus d'une véritable personnalité musicale. À la tête de l'excellent orchestre de chambre de Pforzheim, Massimo Spanado prouve que Pavesi écrivait fort bien pour les instruments, en particulier les bois. Si, en raison d'un timbre très clair que l'on aurait tendance à associer à la jeunesse, le Marcantonio du baryton Marco Filippo Romano surprend d'abord, il réussit tout de même à bien rendre la naïveté puis l'exaspération de son personnage. La contralto Loriana Castellano campe une fausse épouse qui se distingue davantage par ses qualités vocales que par sa rouerie et qui manque en somme d'espièglerie. Son amoureux Medoro, neveu du rôle-titre, est chanté par le ténor Timur Bekbosunov, dont la belle couleur vocale ne rachète malheureusement pas les vocalises savonnées et les fausses notes. En revanche, le baryton-basse Matteo D'Apolito offre un chant soigné et un portrait nuancé de Tobio, le frère de Bettina. À défaut d'une révélation majeure, cet enregistrement constitue une agréable découverte qui nous permet de mieux connaître l'opéra italien au temps de Rossini.

L.B.