Torsten Kerl (Rienzi), Marika Schönberg (Irene), Daniela Sindram (Adriano), Stefan Heidemann (Orsini), Richard Wiegold (Stefano Colonna), Leonardo Neiva (Cecco), Robert Bork (le Cardinal), Marc Heller (Baroncelli), Jennifer O'Loughlin (Messager de la paix), Chœurs du Capitole de Toulouse et de la Scala de Milan, Orchestre du Capitole, dir. Pinchas Steinberg. Mise en scène : Jorge Lavelli (Toulouse, octobre 2012).
DVD Opus Arte OA 1110D.

La première française de Rienzi en langue originale, au Capitole de Toulouse à l'automne 2012, a été unanimement saluée. Si cette captation de Denis Caïozzi vaut surtout pour le témoignage qu'elle porte sur une production de haute tenue, l'œuvre s'y révèle dans toute sa force et balaie les impressions mitigées que laissent des interprétations moins inspirées. La direction ardente de Pinchas Steinberg, qui sait trouver le tempo juste et le phrasé éloquent pour que la déclamation devienne vraiment lyrique au lieu de se réduire à un récitatif chaotique, y est pour beaucoup. En accord avec le metteur en scène, il a opéré des coupures cohérentes qui préservent le souffle et les contrastes.

À quelques bizarreries près, qui se voudraient significatives (le diable sur lequel Irène est attachée par ses ravisseurs, le Christ sans bras ligoté sur sa croix, la tribune roulante de Rienzi, les policiers casqués matraquant la foule devant le Capitole), la mise en scène de Lavelli fonctionne bien sans relecture parasite. Tous ces visages blancs et/ou masqués qui se détachent sur la grisaille sinistre de décors sans issue et de vêtements uniformes évoquent un climat social délétère. Seul Rienzi rayonne ou fanfaronne à la limite de l'inconscience tandis qu'Adriano se révèle le personnage le plus touchant.

Ce dernier, incarné par Daniela Sindram douée d'une présence vocale et dramatique stupéfiante, s'impose face à l'irrésistible Rienzi de Torsten Kerl qui possède les moyens superlatifs du rôle sur toute sa tessiture et le charisme illuminé du personnage. Stefan Heidemann (Orsini) et Leonardo Neiva (Cecco) sont excellents. L'Irene de Marika Schönberg et le Stefano Colonna de Richard Wiegold, pâlissent à côté tant par leur jeu que par leurs intonations. Les chœurs, dont la fonction est si importante, sont crédibles, justes et très en place. Mieux qu'une réhabilitation de Rienzi, c'est une révélation.

G.C.