José van Dam (Figaro), Ileana Cotrubas (Suzanne), Tom Krause (le Comte), Anna Tomowa-Sintow (la Comtesse), Frederica von Stade (Chérubin). Orch. Phil. de Vienne, dir. Herbert von Karajan (live Vienne, 1977).
CD Orfeo C 856 123 D. Distr. Harmonia Mundi.

Les Noces par Karajan avec Tomowa-Sintow en 1977 ? On les connaît déjà, direz-vous. Grave erreur ! On connaît effectivement l'enregistrement de studio tardif chez Decca, qui venait remplacer, un demi-siècle après, la version historique avec Schwarzkopf, Seefried et Jurinac, âge d'or du chant mozartien. Toutes les discographies vous ont dit et répété que le remake était un recul dans la discographie du chef, tant à cause des voix que d'un manque cruel de théâtralité au profit du symphonisme tout-puissant. Elles disaient vrai. Seulement voilà. Le produit de studio a été réalisé à l'occasion du retour du maestro dans la fosse de l'Opéra de Vienne - après être parti fâché en 1964 : retour marqué par un spectacle qui fut capté par la radio autrichienne, et dont le live inédit nous arrive aujourd'hui grâce à Orfeo. Et ce que l'on entend est tout à fait différent de ce que le studio nous avait transmis ! Le théâtre, absent de la version Decca ? Il est là, et bien là, à l'Opéra de Vienne, ce soir de mai 1977. C'est à peine croyable : tout ce qui paraissait figé dans le produit de studio frémit ici de vitalité, d'abord par la grâce de Wiener Philharmoniker bouillonnants et charmeurs. Certes, on perçoit aujourd'hui Mozart différemment : survolté dans ses tempi, celui de Karajan reste un Mozart de grand orchestre, un peu uniformément fort et rapide, mais dans cette optique c'est tout de même époustouflant. Si le Figaro de van Dam et le Chérubin de von Stade nous séduisaient déjà au studio, ils gagnent ici en incarnation, tout comme des partenaires qui, sans se hisser au sommet de la discographie, sont eux aussi bien plus vivants que dans la version Decca. Une découverte.

C.M.