CD Decca 478 1507. Distr. Universal.
Soyons clair : nous avons ici affaire à la crème de ce que l'on peut réunir aujourd'hui en termes de distribution straussienne. Et c'est l'occasion de se convaincre que tout passéisme nostalgique est à bannir : on chante et dirige aujourd'hui Strauss mieux qu'il y a vingt, trente ou quarante ans. On peut toujours trouver que Renée Fleming abuse des effets de crooner et néglige totalement le texte : si le personnage manque d'émotion, la voix est résolument glamour. Sophie Koch est en forme glorieuse en Octavian au timbre opulent et chaud. Diana Damrau est la Sophie de sa génération, aigu immatériel et pourtant timbré, ligne de chant suspendue dans les airs. Hawlata est aussi l'Ochs d'une génération, la caractérisation compensant désormais une voix usée. Jonas Kaufmann est un luxe inutile en chanteur italien, mais les seconds rôles sont tous parfaits. Thielemann est le chef straussien absolu, parvenant à la fois à se griser des sonorités de l'orchestre et à accompagner les chanteurs avec une souplesse d'oscillographe, quand bien même il serait plus allemand que viennois. Il n'en reste pas moins que l'intérêt d'une telle parution sur support audio est sérieusement atténué par le fait que nous disposons aussi du DVD, immortalisant l'inoubliable mise en scène de Wernicke avec exactement le même plateau.
C.M.