Le nom d’Ermanno Wolf-Ferrari n’est plus guère associé qu’à un opéra, I quatro rusteghi (1906). Aussi le principal mérite du patchwork présenté sous sa signature par l’Opéra Studio de l’Opéra national du Rhin à l’intention (mais pas seulement) du jeune public, est-il de donner envie de découvrir la partition originale créée à Venise en 1900, tant l’arrangement pour petit ensemble sonne médiocrement et tant la traduction française des paroles italiennes semble plaquée sans le moindre souci des principes élémentaire de la correction prosodique.
Le chef, Vincent Monteil, qui s’est chargé de traduire et d’adapter, a sans doute ses raisons — le contrepied de l’élégance « ringarde » — mais, avec la solide formation qu’il a reçue, il était parfaitement capable d’écrire une partition d'une meilleure qualité, tandis que la metteuse en scène, Marie-Ève Signeyrole, n’aurait eu aucune peine à imaginer un livret où l’action aurait été plus explicitement située à Berlin au moment de la construction du mur qui sépare Cendrillon de son Prince. Alors l’Opéra du Rhin se serait à juste titre enorgueilli d’avoir commandé et créé une œuvre originale – tandis que la mention « création française » frise l’imposture.
Sans qu’il y ait lieu de faire de distinctions, la jeune distribution est d’une bonne tenue. On aimerait en dire autant des étudiants du conservatoire de Strasbourg réunis dans la fosse d’orchestre. La mise en scène fonctionne mieux que l’histoire qui, comme la cohérence musicale, ne commence à prendre corps qu’aux deux tiers de la représentation. Inutile, sans doute, de préciser que cette Cendrillon (où des surtitres apprennent aux enfants à se moquer de l’inanité des dialogues amoureux) ne finit pas par un beau mariage. Rétrospectivement, les obscurités s’éclaircissent et l’on s’en voudrait d’être entièrement négatif car, à commencer par les effets de projection, ce ne sont pas les qualités qui manquent : c’est le projet qui manque de qualité.
G.C.
Photos : Alain Kaiser / OnR.