OEP481_1.jpgPhoto : Philippe L'Eglise.

A la cour du Roi Arthur

Après l’éblouissant Jephtha de la veille, le Festival de Beaune continue d’honorer la langue anglaise en programmant ce samedi 18 juillet le chef-d’œuvre né de la collaboration du poète John Dryden et du compositeur Henry Purcell.

Le chef Paul McCreesh, invité régulier du Festival depuis 1993, réunit pour l’occasion une distribution de chanteurs anglophones d’une grande homogénéité. Portés par l’acoustique de la Basilique Notre-Dame – la crainte du mauvais temps ayant entraîné un repli depuis la cour des Hospices –, les ensembles vocaux séduisent par leur équilibre et leur cohésion. Si la multitude des rôles ne permet pas à une voix de se distinguer particulièrement, la concentration collective et les qualités de chacun rendent justice aux pages les plus attendues de la partition : ainsi du Cupidon virevoltant de Grace Davidson, du Philidel malicieux de Sophie Junker ou de la Vénus solennelle d’Anna Dennis. Chez les hommes on retiendra le Ténor vaillant – mais sans excès – de Nicholas Mulroy ainsi que le Génie du froid à la somnolence caverneuse d’Ashley Riches. Ce plateau vocal est dignement complété par les interventions solistes du ténor Jeremy Budd et du baryton Marcus Farnsworth ainsi que par le concours (discret) de David Clegg et Daniel Collins aux parties d’alto des chœurs.

Malgré un espace sonore peu favorable à la différenciation des timbres, le Gabrieli Consort and Players présente une lecture élégante et maîtrisée de l’œuvre, au risque de rester parfois un peu trop sage. Au carrefour des genres ayant influencé le semi-opéra de Purcell, la direction de Paul McCreesh semble ainsi privilégier la fluidité de la musique de cour au détriment de l’expressivité théâtrale (manque de mordant de l’accompagnement dans la scène du Froid, de légèreté sautillante dans l’air de Philidel…) – entraînant un certain décalage avec l’énergie scénique déployée par les chanteurs dans l’illustration des différents tableaux.

Pourtant, ce choix interprétatif dégage une séduction musicale certaine, à laquelle rendent hommage les chaleureux applaudissements d’un public encore sous le charme tant des éclats royaux du dernier air (ensemble de trompettes emprunté par le chef à l’acte IV de Dioclesian) que du noble recueillement de la chaconne conclusive.

T.S.

Notre édition de King Arthur : L'Avant-Scène Opéra n° 163.