CD Oehms Classics OC 959. Notice en all. et angl. Distr. Abeille Musique.
Après un Trouvère raté (cf. L'ASO n° 266), Michael Hofstetter choisit le bien moins connu Oberto, premier opus de Verdi en 1839. De fait, sa direction un peu sèche, privilégiant les arêtes plutôt que la courbe, a plus d'affinités avec cet ouvrage encore tributaire d'articulations formelles nettement affûtées, sorte de « ligne claire » d'obédience rossinienne. Une grande clarté - voire une grande froideur - dans le son et la syntaxe, donc, qui s'accompagne d'une tonicité à la limite du bruyant : une réalisation vivace, certes, mais extérieure. Le plateau vocal a des qualités indéniables : Leonora et Cuniza, si leurs timbres auraient pu être plus différenciés encore (Cuniza fut créée par un contralto), sont de belle tenue belcantiste tout en possédant la vigueur du langage verdien, de même que le ténor franc et souple de Normann Reinhardt. Mais le bât blesse du côté du rôle-titre : un Oberto à l'intonation fluctuante, au soutien en défaut, instable et faible, qui donne tout pour passer les aigus de baryton de sa partie - il le fait correctement - mais décompose le reste du personnage. Or le créateur, Ignazio Marini, était bien la star de la distribution, à qui Verdi allait confier Attila, et qui interpréterait aussi Nabucco... C'est dire que cette défaillance est d'ampleur et invalide une version qui ne peut rivaliser avec celle de Marriner en 1997 (Philips), où Guleghina et Urmana entourent l'Oberto de Samuel Ramey.
C.C.